Les Nigérians mangent-ils moins de riz suite à la fermeture des frontières ?
La politique nigériane serait-elle payante ? Difficile de se prononcer si tôt mais elle a indéniablement un impact sur le marché mondial du riz, au regard du dernier rapport mensuel du Service étranger de l’agriculture (FAS) du Département américain de l’Agriculture (USDA). Toutefois, elle a aussi, peut-être un impact sur la consommation nationale de riz, un objectif pas nécessairement souhaité par les autorités.
Notons tout d’abord que, si la production mondiale atteint un record sur 2018/19, progressant de 1% sur la campagne précédente, la hausse en Afrique sub-saharienne est beaucoup plus conséquente, de l’ordre de 6,7%. Et si, sur 2019/20, elle baisse au niveau mondial, elle poursuit sa hausse en Afrique sub-saharienne mais, il faut le souligner, de très peu.
Riz : évolution de la situation en Afrique sub-saharienne |
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en milliers de tonnes | 2015/16 | 2016/17 | 2017/18 | 2018/19 | Oct. 2019/20 | Nov 2019/20 |
Production mondiale | 476 738 | 490 996 | 494 884 | 499 342 | 497 771 | 497 756 |
– Afrique sub-saharienne | 16 192 | 17 469 | 17 423 | 18 603 | 18 625 | 18 783 |
– Nigeria (riz décortiqué) | 3 941 | 4 536 | 4 725 | 4 788 | 4 900 | 4 900 |
Importations mondiales | 37 664 | 44 830 | 45 572 | 42 355 | 43 606 | 43 181 |
– Afrique sub-saharienne | 12 183 | 14 384 | 14 485 | 14 610 | 15 855 | 15 235 |
– Bénin | 450 | 550 | 625 | 625 | 725 | 635 |
– Burkina Faso | 420 | 500 | 550 | 600 | 620 | 620 |
– Côte d’Ivoire | 1 300 | 1 350 | 1 500 | 1 400 | 1 600 | 1 500 |
– Ghana | 700 | 650 | 830 | 800 | 800 | 800 |
– Guinée | 650 | 600 | 865 | 850 | 900 | 900 |
– Nigeria | 2 100 | 2 500 | 2 100 | 1 800 | 2 200 | 1 800 |
– Sénégal | 980 | 1 100 | 1 100 | 1 150 | 1 300 | 1 200 |
Consommations nationales | 467 322 | 477 050 | 481 735 | 488 166 | 492 506 | 491 578 |
– Afrique sub-saharienne | 28 179 | 30 568 | 31 199 | 32 869 | 34 140 | 33 777 |
– Nigeria | 6 400 | 6 700 | 6 900 | 7 000 | 7 300 | 7 000 |
Stocks de fin de campagne | 142 345 | 149 844 | 162 561 | 173 294 | 175 086 | 177 044 |
– Afrique sub-saharienne | 2 814 | 3 216 | 3 160 | 2 962 | 2 746 | 2 633 |
Source : USDA. Grain : world markets and trade, novembre 2019 |
Cette production mondiale ayant beaucoup augmenté entre 2017/18 et 2018/19, les importations mondiale, en toute logique, régressent. Mais ce n’est pas le cas pour l’Afrique sub-saharienne dont les achats augmenteraient encore selon les prévisions de l’USDA, confirmées par la Banque modnaile (lire nos informations Les prix des produits agricoles baisseraient de 5% cette année). A noter toutefois, que dans ses estimations révisées de novembre, l’USDA a baissé ses calculs d’importations sub-sahariennes en raison essentiellement de la fermeture des frontières nigérianes.
Ce qui est encore plus intéressant est que la progression de la consommation de riz en Afrique sub-saharienne depuis 2015/16 est continue, mais l’USDA révise à la baisse ses prévisions 2019/20 entre ses rapports de marché d’octobre et de novembre. Et la consommation au Nigeria baisse. Affaire à suivre…
Quant aux stocks de fin de campagne, ils n’ont jamais été aussi bas en Afrique sub-saharienne depuis cinq ans.
Quid du riz paddy ?
S’agissant du riz paddy -ou encore du riz non décortiqué, il fait l’objet d’un commerce mondial en volume assez limité. En 2018, il a représenté 2,7 millions de tonnes (Mt) d’exportation ,soit 6% seulement des volumes globaux commercialisés, souligne l’USDA. Il s’échange essentiellement entre pays frontaliers ou peu éloignés car il présente des risques phytosanitaires accrus par rapport au riz blanc. Ceci dit, le riz paddy est souvent préféré des importateurs car il est mois cher et il donne de l’activité aux minoteries locales.
Les Etats-Unis sont le principal exportateur mondial de riz paddy, destiné essentiellement au Mexique (+34% en un an, à 531 000 t), mais aussi à l’Amérique latine et à la Libye. Le Brésil a quasiment disparu du commerce du riz paddy, ses exportations chutant de 75% à 145 000 t.
USDA vs. Banque mondiale
Enfin, par rapport aux dernières estimations de la Banque mondiale (BM) publiées dans son Commodity Markets Outlook d’octobre (lire nos informations Les prix des produits agricoles baisseraient de 5% cette année), on constate que les prévisions de la Banque et de l’USDA convergent sur les volumes de production mondiale, à environ 497,8 Mt. Mais les importations globaes estimées par la BM sont plus élevées contrairement aux stocks de fin de campagne.