La Chronique Matières du Jeudi (26/01/2017)
Bonne année, l'Asie ! Le plus grand festival au Vietnam célébrant la nouvelle année lunaire démarre aujourd'hui et durera jusqu'au 1er février. Et ses marchés sont fermés. Samedi, ce sera au tour de la Chine de fêter son entrée dans l'année du Coq.
CACAO
Le cacao termine la période sous revue, hier soir, en baisse sur la veille, à £ 1 747 à Londres, mais très stable par rapport à la clôture vendredi dernier (£ 1 748). La tonne a terminé hier soir à New York, à $ 2 192 contre $ 2 140 vendredi dernier, au milieu d'une actualité chargée.
Tout d'abord, sur les marchés à terme. L'information peut être considérée comme relativement peu importante car les volumes impliqués sont faibles, mais elle est symboliquement non négligeable dans un contexte de Brexit. Ainsi, sur le marché à terme de Londres, le groupe CME a annoncé lundi cessé dès lundi prochain, 30 janvier, ses contrats cacao libellés en euros à compter de l'échéance mai. Rappelons que ce contrat a été lancé le 30 mai 2015 (lire nos informations d'alors ) mais n'est jamais arrivé véritablement à décoller et à attirer des volumes.
Deuxième information venant des pays consommateurs, les chiffres de broyages de fèves aux Etats-Unis, publiés en fin de semaine dernière, ont été décevants, en baisse de 1,1% sur le quatrième trimestre 2016, à 117 588 t. C'est le plus faible volume depuis quatre ans et demi, souligne la National Confectioners Association (NCA). Selon les pronostics, les broyages auraient dû être stables, voire en progression de 3%. Ceci dit, les broyages sur l'ensemble de 2016 sont en hausse mais très légère, de 0,05% à 485 222 t.
Dans les pays producteurs maintenant, et chez le premier d'entre eux, la Côte d'Ivoire, la situation est délicate. Des camions remplis de fèves de cacao sont aux portes des ports d'Abidjan et de San Pedro, cherchant un acheteur (lire nos informations). Du cacao qui a été acheté aux ventes par anticipation du Conseil du café-cacao par des opérateurs nationaux mais qui, aujourd'hui, ne peuvent plus payer car ils l'ont acheté au prix fort sans se couvrir (lire nos informations). Autre explication fournie : les banques locales ont renforcé leurs conditionnalités pour l'octroi de prêts, empêchant les opérateurs d'accéder à des financements. Quoi qu'il en soit, les coopératives et les intermédiaires se trouvent donc avec de la marchandise mais sans acheteur.
Selon des chiffres du CCC obtenus par Reuters, les 14 plus grands exportateurs nationaux auraient sécurisé les droits d'exporter 365 000 t de la récolte principale d'octobre à mars et sur cela, à fin décembre, ils en auraient acheté 141 000 t. Reste quelque 150 000 t. Rappelons que le CCC a réfuté l'information, la semaine dernière, selon laquelle il envisageait d'annuler pour 300 000 t de contrats sur le point de faire défaut et les remettre aux enchères.
A noter qu'au 22 janvier, les arrivages de fèves aux deux ports ivoiriens ont totalisé 1 051 000 t depuis le début de la campagne, le 1er octobre, en très légère baisse par rapport aux 1 052 000 t sur la même période la campagne dernière, selon les estimations des exportateurs.
La Côte d'Ivoire où de fortes pluies se sont abattues la semaine dernière sur la ceinture cacaoyère, une surprise puisque c'est normalement la saison sèche lorsque souffle l'harmattan. Des pluies qui sont de bon augure pour la campagne intermédiaire d'avril à septembre.
Quant au Ghana, le gouvernement envisage de libéraliser la filière (lire nos informations). Rappelons que le cacao ghanéen, et surtout la filière et son autorités régulatrice le Cocobod, ont longtemps été considérés comme le "must" du cacao.
Au Cameroun, le prix bord champ aurait chuté de 10% en janvier par rapport à décembre. Dans le Sud-Ouest, les prix ont oscillé entre FCFA 750 et 1000 le kilo de fèves alors que le prix indicatif national est de FCFA 1 050 le kilo. Les raisons invoquées ? L'instabilité politique dans le Sud-Ouest où une grève générale dure depuis octobre, et l'interdiction émise le 11 janvier par le gouvernement d'utiliser des pesticides à base de métalaxyl.
Côté entreprises, Barry Callebaut a annoncé hier des volumes de ventes en baisse de -0,4% durant les trois premiers mois de l’exercice 2016/17, se terminant le 30 novembre, par rapport au premier trimestre de l’exercice précédent, à 492 931 t. Toutefois, fait remarquer le leader mondial des produits cacao et chocolat, ceci est une meilleure performance que la baisse mondiale de 2,3% des volumes de confiseries chocolatées. En outre, cette performance négative du groupe en terem de volumes serait liée à " l’abandon intentionnel en cours et presque achevé des contrats moins rentables dans le secteur du cacao (-8,6 %)" tandis que le secteur chocolat progressait de 2,3%. Au sein de ce segment, l'activité Gourmet & Spécialités a fait un bond de 14,3% " favorisée par l’acquisition de l’activité de mélanges en poudre pour boissons de FrieslandCampina Kievit."
Cette baisse des volumes de Barry n'a en rien entamé ses bonnes performances financières : son chiffre d’affaires a progressé de +3,2 % en monnaies locales, à CHF 1885,8 millions.
Les volumes du marché européen des confiseries chocolatées ont reculé de 3,1 %.2 Le volume des ventes de Barry Callebaut de la région EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique) a progressé de 2,2 % à 225 087 t sur un marché toujours difficile.
CAFÉ
Le Robusta caracole, en hausse encore de $ 19 hier soir sur le marché à terme de Londres, à $ 2 231 la tonne mais en baisse par rapport à vendredi dernier ($ 2 261). L'Arabica a terminé hier à $ 1,529 la livre à New York, en hausse sur la clôture de mardi soir mais en baisse sur vendredi dernier ($ 1,532). Et cela devrait durer car des fonds spéculatifs seraient en train de reconstituer leurs positions longues, en d'autres termes, ils miseraient sur une tendance haussière durable du prix de l'Arabica.
En effet, si les yeux sont principalement rivés sur le Robusta dont la production est en baisse au Brésil, en Indonésie et au Vietnam (lire nos précédentes chroniques), côté Arabica, la situation peut aussi devenir plus délicate. Car la production est forte en Amérique latine, mais peine en Amérique centrale, Honduras mis à part.
En Asie, après que le Robusta ait caracolé la semaine dernière à des niveaux de prix qui n'avaient plus été enregistrés depuis plus de 5 ans, cela a été le calme plat en début de semaine au Vietnam qui démarre aujourd'hui ses célébrations de Nouvel An, avec des prix en baisse sur une faible activité.
Côté Arabica, au Kenya, les prix ont fortement progressé aux ventes aux enchères cette semaine, le Grade AA trouvant preneur entre $ 155 et 612 contre $ 150 et 540 la semaine dernière. Quant au Grade AB, la fourchette s'est élargie, à $ 105-491 contre $ 159-423.
CAOUTCHOUC
L’annonce de la Thaïlande qu’elle allait vendre aux enchères une partie de ses stocks jeudi dernier (cf. notre dernière chronique) a rompu l’élan haussier du caoutchouc. Dès vendredi dernier les cours sur le Tokyo Commodities Exchange (Tocom) ont clôturé en baisse de 4,3%, repassant sous la barre des 300 yens le kilo à 288,3 yens ($2,51) pour le contrat de juin. Sur l’ensemble de la semaine, après avoir atteint un plus haut de plusieurs années mardi, ils ont chuté de 5,6%. Même tendance en début de semaine où ont été réajustées les pertes de production de caoutchouc suite aux inondations à 7,5% au lieu de 10% estimé la semaine dernière. Toutefois, les cours ont rebondi, enchainant deux séances de hausse pour à nouveau atteindre le seuil de 300 yens le kilo mercredi, la baisse du yen face au dollar ayant suscité de nouveaux achats.
Les importations de caoutchouc naturel de la Chine se sont élevées à 2 501 185 tonnes en 2016, en baisse de 8,59% par rapport à 2015, selon les chiffres des douanes chinoises. La Thaïlande est de loin le premier fournisseur avec 1,593 Mt, représentant 64% de son approvisionnement total. Se place ensuite l’Indonésie avec 279 575 tonnes. Côté pays africains, la Côte d’Ivoire a exporté 33 862 tonnes de caoutchouc naturel vers la Chine en recul de 2,37% par rapport à 2015 puis se situent le Ghana 807 tonnes (+ 80%), le Liberia 660 tonnes (-47,08%), le Nigeria 564 tonnes (-58,38%) et le Cameroun 533 tonnes (-65%). Quant aux importations de caoutchouc synthétique, elles se sont élevées à 3 308 353 tonnes, en hausse de 66,85% par rapport à 2015.
Nouveaux remous dans le secteur des pneumatiques entre les Etats-Unis et la Chine. Le département du Commerce américain a estimé lundi que les neumatiques chinois (pour les bus et les camions) bénéficiaient d’un dumping avec un prix inférieur à celui du marché et étaient donc injustement subventionnés. Le département a déterminé des taux de subvention allant de 38,71% à 65,46% et des marges antidumping allant de 9% à 22,57%. La Commission du commerce international devrait statuer le 6 mars prochain. De son côté, le ministère chinois du Commerce a déclaré que la conclusion était extrêmement injuste et portait gravement atteinte aux intérêts de la Chine.
En 2015, les importations américaines de pneumatiques pour les camions et les bus en provenance de Chine se sont élevées à $1,07 milliard.
En Inde, le président d’All India Rubber Industries Association (AIRIA), Kamal K Chowdhury, réclame une hausse substantielle -+30% – des droits des douanes sur les importations de produits finis en caoutchouc. «En Inde, les droits à l’importation sur les matières premières sont parmi les plus élevés tandis que les droits sur l'importation de produits en caoutchouc fini est l’un des plus bas» souligne le président. Cette structure de droits inversés entraîne une hausse des importations de produits finis alors même que les industries nationales sont capables de répondre à la demande. Selon l’AIRIA, les produits finis peuvent être facilement importés, car les droits à l'importation sur les produits en caoutchouc est compris entre 0 et 10 %, tandis que les droits sur les matières premières pour l'industrie du caoutchouc se situent entre 5 et 70%. Non seulement le droit d'importation sur les matières premières est plus élevé, mais le droit est prélevé même sur les matières premières qui ne sont pas produites dans le pays, augmentant ainsi le coût de production en Inde.
Côté entreprise, la société thaïlandaise de fabrication de caoutchouc naturel Sri Trang Agro-Industrie Pcl prévoit d’augmenter ses ventes de plus de 20% à 1,7 million de tonnes (Mt) cette année, a annoncé vendredi Thanawan Sangiamsak, responsable du développement des affaires et des relations avec les investisseurs. Les plantations de Sri Trang se trouvent dans le nord de la Thaïlande et ne sont pas touchées par les inondations qui ont frappé la production dans le sud. La société prévoit également d'augmenter sa capacité de production à 2,7 Mt, contre 2,4 Mt en 2016. L'entreprise exporte environ 80 à 85% de son caoutchouc, principalement vers la Chine, le solde se vendant sur le marché domestique.
COTON
Alors que les cours du coton ont été dopés la semaine dernière par les bons chiffres des exportations de coton américain avec une clôture vendredi à 73 ,04 cents la livre pour le contrat de mars, ils ont démarré la semaine en dents de scie. Mercredi, après avoir enregistré la veille leur plus forte perte sur un seul jour en plus d’un mois, ils ont légèrement progressé, soutenus par des achats spéculatifs et un dollar plus faible. «Je pense qu’il y a beaucoup de mouvements spéculatifs», a déclaré Jim Lambert, directeur des ventes chez Capstone Merchant Services.
Les approvisionnements de coton sur les marchés au comptant en Inde ont diminué de 15,9% par rapport à l'année précédente, pour s'établir à 10,8 millions de balles entre octobre et décembre.
Les importations de coton de Chine ont baissé de 39,1% à 893 316 tonnes en 2016 par rapport à l’année précédente. L’Australie est le premier fournisseur représentant 29% de l’approvisionnement (en baisse de 43,55% par rapport à 2015), elle est suivie par l’Inde avec 13% (-51,16%), puis de l’Ouzbékistan avec 10% (-45,68%) et du Brésil avec 9% (-43,55%). Le continent africain représente 9% de l’approvisionnement en coton de la Chine avec le Cameroun en tête, puis le Soudan, le Bénin et la Côte d’Ivoire (cf. tableau ci-dessous).
Exportations de coton des pays africains vers la Chine en 2016
Pays |
Volume exporté en 2016 (en tonnes) |
Evolution par rapport à 2015 (en %) |
Bénin |
9 769 |
-13,92 |
Burkina Faso |
3 427 |
-67,84 |
Cameroun |
37 089 |
-18,24 |
Côte d’Ivoire |
5 818 |
-57,61 |
Egypte |
717 |
-87,92 |
Mali |
4 756 |
-40,9 |
Mozambique |
335 |
-59,47 |
Niger |
159 |
– |
Nigeria |
315 |
– |
Ouganda |
369 |
|
RCA |
366 |
-40,66 |
Sénégal |
996 |
– |
Soudan |
12 657 |
+43,35 |
Tchad |
500 |
-75,48 |
Zambie |
2 310 |
+243,43 |
Zimbabwe |
2 840 |
– 35,93 |
Total |
82 423 |
|
Source : douanes chinoises
HUILE DE PALME
L’approche de la période de vacances du Nouvel An Lunaire – la Bursa Malaysia Dérivative Exchange sera fermée du 27 au 30 janvier – ont incité les négociants à clôturer leur position et à prendre leur bénéfice abaissant les prix de l’huile de palme alors même que la production est en baisse et les exportations en hausse. Les prix de l’huile de palme ont été aussi impacté par les prix des autres huiles, en particulier le soja, en recul.
Toutefois, les fondamentaux demeurent plutôt haussiers car il est attendu que la production déclinera en janvier comme chaque année à cette saison et que les exportations progresseront. Les exportations de Malaisie ont progressé de 9,3% du 1er au 25 janvier, selon Intertek Testing Services.
Le spécialiste basé à Hambourg Oil World estime que le cours de l’huile de palme brute à Rotterdam pourrait « culminer très bientôt à $840 » tandis que les prix indonésiens FOB s’afficheront à $800. Thomas Mielke, analyste d’Oil World ajoute que les prix vont décliner en mars ou avril avec une baisse limitée au départ mais qui va s’approfondir au second semestre 2017 et s’accélérer en 2018. Ils pourraient alors atteindre $600 ou moins à Rotterdam et 2 400 ringgits ou moins à la Bursa Dérivative Exchange en 2018.
Dorab Mistry, l'un des principaux analystes de l'industrie, avait prévu que l'huile de palme atteindrait les 3 300 ringgits au début de mars, tandis que le président de LMC International, James Fry, anticipe une baisse de $150 des prix FOB de l’huile de palme d’ici le troisième trimestre.
Mercredi, les cours ont clôturé à 3 215 ringgits ($704,30) la tonne sur la Bursa Malaysia Dérivative Exchange et à $827,50 la tonne à Rotterdam.
RIZ
Avec une demande intérieure et internationale robuste, les du riz en Inde ont progressé cette semaine tandis que les prix thaïlandais ont chuté dans un marché calme. Au Vietnam le marché du riz est fermé pour une semaine.
Les prix du riz 5 % étuvé et brisé en Inde ont augmenté cette semaine à $354- $359 la tonne contre $ 352- $357 la semaine dernière, alors que la demande pour le riz paddy
était robuste tant du côté des acheteurs locaux qu’étrangers. Les organismes gouvernementaux ont également acheté activement du riz paddy. « L’approvisionnement s’est amélioré mais la demande a dépassé l’offre», a estimé un exportateur basé à Mumbai.
En Thaïlande, le Thaï 5% est tombé à $355- $360 la tonne contre $360- $365 la semaine dernière. Le marché est calme et les prix devraient rester stables au cours des prochaines semaines a indiqué un trader basé à Bangkok.
SUCRE
Mais quand l'Inde décidera-t-elle d'importer du sucre ? Telle était encore hier soir l'interrogation qui circulait sur le marché et qui freinerait l'envolée des prix du sucre roux sur le marché à terme de New York. La livre a clôturé hier soir à 20,34 cents partie, vendredi dernier, de 20,18 cents. Rappelons que jeudi dernier, 19 janvier, le marché avait chuté de 1,3 cents en une seule séance alors que les prix caracolaient à des plus hauts depuis deux mois. Sur le marché de Londres, le sucre blanc a terminé en baisse, hier soir, à $ 535,80 la tonne, mais en hausse par rapport à vendredi ($ 530,40).
En effet, la sécheresse dans l'Etat de Maharashtra et de Karnataka pourrait faire chuter la production nationale indienne à 21,3 millions de tonnes (Mt) sur la campagne 2016/17, selon les autorités. C'est 9% de moins que les prévisions initiales. Pour sa part, le patron de Shree Renuka Sugars l'estime plus proche des 20 Mt. Mais le gouvernement tarderait à réagir pour des raisons électorales.
Côté Chine, les importations de sucre sont en chute libre. Elles ont baissé de 36,8% en 2016, à 3,06 Mt, son niveau le plus faible depuis 2011, selon les données douanières. Sur le seul mois de décembre, ses importations sont tombées à 220 000 t, en baisse de 56,7%. Non seulement les importations sont en baisse, mais la Chine vend ses stocks stratégiques sur le marché national: 400 000 t ont été mis en vente à fin 2016 et 249 300 t devaient encore être mis sur le marché lundi dernier.