La CEDEAO a maintenu ses sanctions sur le Niger, quels impacts  sur le monde rural ?

 La CEDEAO a maintenu ses sanctions sur le Niger, quels impacts  sur le monde rural ?

@ Cedeao

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RĂ©unis Ă  Abuja hier, les chefs d’État et de gouvernement de la CommunautĂ© Ă©conomique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedao) ont dĂ©cidĂ© le maintien des sanction Ă©conomiques et monĂ©taires Ă  l’encontre du Niger tout en laissant une porte ouverte aux nĂ©gociations  conditionnĂ©es Ă  une transition courte et Ă  la libĂ©ration du prĂ©sident Mohamed Bazoum toujours attendue.

Fermeture des frontières, gel des avoirs, suppression des transactions commerciales, suspension de la fourniture d’électricité du Nigeria, etc. les sanctions imposées depuis le coup d’État de fin juillet touche de plein fouet les populations confrontées à des pénuries de produits de première nécessité, en particulier les médicaments et les denrées alimentaires, et à une forte inflation. Une situation aggravée par le difficile d’accès de l’aide humanitaire dans un pays où près d’un Nigérien sur 5 a besoin d’une aide alimentaire.  Elles ont eu aussi pour conséquence une réduction de 40% des dépenses pour le budget de 2024.

L’une des conséquences majeures de ces sanctions est la déstabilisation des marchés alimentaires ainsi que l’impact négatif sur les termes de l’échange entre le bétail et les céréales, selon une étude réalisée par le Réseau Billital Maroobé (RBM) portant sur les impacts des sanctions sur les conditions de vie des éleveurs dans plusieurs régions du Niger mais aussi dans les zones frontalières du Bénin, Burkina Faso, Nigeria et Mali.

Les effets des sanctions sont jugés désastreux sur les ménages pastoraux et agropastoraux.

Le premier effet est la déstabilisation profonde du fonctionnement des marchés du Niger étroitement interconnectés avec les activités commerciales et les réseaux de distribution au Nigeria et du Bénin et une inflation importante des prix des céréales importées principalement du Nigeria, du Mali et du Bénin, comme le mil, le maïs, et le sorgho. La baisse des stocks alimente l’inflation, les commerçants spéculant à la hausse. Le refus des autorités du Burkina Faso et du Mali d’appliquer les sanctions donne une bouffée d’oxygène mais ne permet de compenser les difficultés d’approvisionnement ni d’amoindrir l’inflation.

Une autre conséquence des sanctions est la chute des prix du bétail. Ainsi, le mauvais état d’embonpoint des animaux provoqués par le manque de pâturage mais aussi la désertion des marchés de bétail par les commerçants nigérians, ont conduit à une baisse généralisée du cours du bétail- de 38% à 53%- dans la région du Diffa pour toutes les catégories d’animaux. Dans le même temps, ajoute RBM, les prix des aliments concentrés du bétail a augmenté d’environ 20% et celui du sac de mil de 100 kilos de 42%.

Les systèmes de mobilité du bétail dans les régions de Dosso et de Tahoua risquent d’être fortement perturbés si la fermeture des frontières se prolonge.

Enfin, la suspension des transactions financières avec les banques du Niger a affecté la disponibilité des fonds devant permettre aux organisations de producteurs membres du RBM de mettre en œuvre les projets dont elles assurent l’exécution dans plusieurs régions – Tahoua, Tillabéry, Maradi et Diffa.

L’étude montre aussi les nombreux impacts dans les pays limitrophes tant les économies sont imbriquées.

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