La Chronique Matières premières agricoles au 14 juin 2024

 La Chronique Matières premières agricoles au 14 juin 2024

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Les Bourses européennes ont terminé hier dans le rouge dans un contexte de craintes de représailles de la part de la Chine après l’annonce par la Commission européenne de nouveaux droits de douane sur les véhicules électriques importés de Chine. Des Bourses européennes qui ont été marquées toute la semaine par les retombées des résultats des élections européennes, en particulier en France. Quant à Wall Street, elle a terminé hier en ordre dispersé malgré le dynamisme des valeurs technologiques, les gains étant limités par les nouvelles projections de la Réserve fédérale prévoyant qu’une seule réduction de taux pour cette année.

Sur le marché des changes, le dollar, qui avait plongé de 1% mercredi après la publication des chiffres des prix à la consommation aux Etats-Unis, regagnait hier une partie du terrain perdu la veille. Le billet vert pris 0,45% face à un panier de devises de référence. Quant à l’euro, il a cédé 0,56%, à 1,0746 dollar. La monnaie européenne fait face à une intense volatilité depuis le début de la semaine, alimentée par l’incertitude politique en France avec la tenue d’élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet.

Le marché pétrolier est dans le rouge sous la pression de la hausse des approvisionnements américains en brut et de la perspective d’un décalage de la baisse des taux de la Fed. Le Brent a décliné hier de 0,29% à $82,36 le baril et le brut léger américain (WTI) a cédé 0,37% à $78,21.

CACAO

Explosif est le marché du cacao dont les cours ont de nouveau dépassé les $10 000 la tonne hier avec l’interruption par la Côte d’Ivoire de ses exportations de fèves pour juin et de ses ventes anticipées pour la saison prochaine. La nouvelle est intervenue un jour après des informations selon lesquelles le Ghana envisage de retarder la livraison de jusqu’à 350 000 tonnes de fèves pour la saison prochaine.

A New-York, le contrat de septembre a atteint hier un sommet de six semaines à $10 308 la tonne pour clôturer à $10 110 contre $9 900 vendredi dernier. A Londres, de £7 326 la tonne vendredi dernier le contrat de septembre a terminé hier à £ 8 222.

« C’est un énorme problème, la Côte d’Ivoire et le Ghana sont 30% en dessous de l’année dernière en termes de taille de récolte. Personne ne sait comment compenser le manque de cacao, il n’y a pas assez de fèves à court terme pour approvisionner le marché », estime un négociant.

La Côte d’Ivoire a suspendu l’achat et l’exportation de cacao sur le mois juin pour conserver des stocks suffisants pour les transformateurs locaux et qui sont à court de fèves pour faire fonctionner leurs usines mais elle a aussi interrompu ses ventes à terme de la récolte de la prochaines campagne 2024/25, qui s’élevaient à 940 000 tonnes, soit environ 35 % de moins qu’il y a un an, dans l’attente de plus de clarté sur la production attendue (Lire :  Commercialisation du cacao : la Côte d’Ivoire à l’arrêt).

Le Ghana est également à court de fèves. Avec la chute de la production en 2023/24, le Ghana serait dans l’incapacité de livrer 350 000 tonnes de cacao et envisage donc de reporter leur livraison lors de la prochaine campagne et n’aurait vendu à terme que 100 000 tonnes pour 2024/25 (Lire : Au Ghana, la crise de l’approvisionnement en cacao s’aggrave).

Le Cocobod est toutefois plus optimiste pour la prochaine campagne avec un rebond anticipé de la production à plus de 800 000 tonnes avec la fin du phénomène El Nino et la réhabilitation de plantations (Lire : Au Ghana, le Cocobod optimiste pour la prochaine production de cacao en 2024/25).

 

CAFÉ

Accalmie sur le marché du café, qui est redescendu de son niveau record atteint la semaine dernière avec une clôture hier pour le Robusta à $ 4 093 la tonne pour le contrat de septembre contre $ 4 128 vendredi dernier. Même tendance pour l’Arabica, parti de $2,3870 la livre vendredi dernier il a terminé hier à $2,2625. Le marché demeure soutenu par un fort ralentissement des exportations du Vietnam au mois de mai tandis que les fonds gardent des positions longues tant sur le Robusta que l’Arabica.

En Asie, on observe une légère baisse des prix au Vietnam tandis que ceux en Indonésie sont très volatils.

Les caféiculteurs des Central Highlands au Vietnam ont cédé leurs grains pour 120 000 à 121 000 dongs ($4,72-$4,76) contre 123 500 à 125 000 dongs la semaine dernière dans la lignée du café Robusta à Londres. « Les prix ont légèrement baissé alors que la récolte a commencé au Brésil, ce qui peut maintenant apaiser la soif de grains », estime un négociant. Précisant que « Cependant, les faibles exportations de café du Vietnam en mai ont empêché les prix de baisser davantage. »

Le Vietnam a exporté 79 358 tonnes de café, soit 1,32 million de sacs de 60 kg, en mai, en baisse de 47,8% par rapport au mois précédent, selon les données douanières. Au cours des cinq premiers mois de cette année, le Vietnam a exporté 817 514 tonnes, en recul de 5,8% par rapport à l’année précédent.

A l’export, le Grade 2, 5% de grain noir et cassé a été proposé par les négociants avec une prime de $600 à $700 par tonne par rapport au contrat de septembre, soit le même niveau que la semaine dernière.

En Indonésie, le Robusta de Sumatra pour livraison en juillet a été proposé à $ 1 050 de plus, contre $1 350 la semaine dernière. Un autre trader a cité une prime de $980 pour le contrat de septembre, contre $650 il y a une semaine. « Le fait que les prix soient très volatils nous surprend » indique à Reuters un négociant.

Au Brésil, les exportations de café vert ont bondi de 90,2 % en mai par rapport à l’année dernière à 4,03 millions de sacs de 60 kg selon l’association des exportateurs de café du pays, Cecafe. Sur un an, les exportations de café Arabica ont augmenté de 59,1 % pour atteindre 3,16 millions de sacs, tandis que celles de Robusta ont grimpé à près de 870 000 sacs, contre environ 131 700 par an plus tôt. Les incertitudes concernant les récoltes de grands producteurs de café comme le Vietnam et l’Indonésie ouvrent la porte au café brésilien « pour accroître sa part de marché et consolider le pays en tant que principal acteur mondial », a indiqué le président de Cecafe, Marcio Ferreira, dans un communiqué.

Au Kenya, la production de café devrait atteindre 750 000 sacs de 60 kg en 2024/25, en baisse de 6,3% par rapport à la campagne précédente, en raison de la stagnation de la superficie cultivée et de la baisse des rendements, estime le département américain de l’Agriculture (Usda). Les exportations de café en 2024/25 devraient également chuter de 4 % à 720 000 sacs.

CAOUTCHOUC

Dégringolade du marché du caoutchouc. Sur l’Osaka Echange, le contrat de novembre a perdu près de 20 yens avec une clôture aujourd’hui à 338,3 yens ($2,14) contre 357,2 yens vendredi dernier. Même tendance sur Shanghai Futures Exchange où le contrat de septembre a cédé 735 yuans passant de 16 020 yuans la tonne à hier 15 235 yuans ($2 099,82). C’est la plus forte baisse hebdomadaire depuis la mi-mars à 5,3%.

Une chute impulsée par le marché physique où les prix de la feuille de caoutchouc fumé de référence pour l’exportation (RSS3) de la Thaïlande sont en baisse, perdant 3,7% sur  la semaine, mais aussi à la suite de l’annonce de la Commission européenne qu’elle imposerait des droits supplémentaires allant jusqu’à 38,1 % sur les voitures électriques chinoises importées à partir de juillet. Une annonce qui fait craindre des représailles de la Chine. Les droits de douane pourraient avoir des effets considérables sur les constructeurs automobiles européens, dans la mesure où une éventuelle guerre commerciale nuirait non seulement à leurs activités en Chine, mais également à leurs propres importations de voitures fabriquées en Chine.

En Malaisie, la production de caoutchouc naturel a diminué de 20,9 % en avril à 21 325 tonnes par rapport au mois de mars, selon le Département des statistiques de Malaisie. Sur une base annuelle,   elle chute de 9,1 %. Les stocks totaux de caoutchouc n ont diminué de 5,1% en avril à 211 119 tonnes par rapport à mars. Quant aux exportations, elles ont baissé de 18,9% à 47 796 tonnes en avril 2024. La Chine demeure la principale destination (44,8%), suivie de l’Inde (11,4 %), l’Allemagne (8 %) les Émirats arabes unis (4,3 %) et le Pakistan (3,9%).

Le Cambodge a exporté 110 772 tonnes de caoutchouc sec au cours des cinq premiers mois de cette année, en hausse de 2,42 % par rapport aux 108 148 tonnes de la même période de l’année dernière selon la direction générale du caoutchouc. En valeur, les expéditions se sont élevées à $164,5 millions de janvier-mai, en hausse de 7,4 % par à la même période en 2023.

En Côte d’Ivoire, la production de caoutchouc naturel a grimpé de plus de 30 % sur un an pour atteindre un record de 1,7 million de tonnes en 2023, selon une déclaration du président de l’Apromac, Charles-Emmanuel Yace (Lire : En Côte d’Ivoire, la production de caoutchouc atteint un record en 2023).

COTON

Grande morosité sur le marché du coton dont les cours sur l’ICE sont tombés hier à 71,35 cents la livre contre 73,849 cents vendredi dernier. « La spirale baissière est enclenchée sans que l’on puisse prédire jusqu’où » souligne Mambo Commodities. Une situation que l’on peut résumer par trop de coton et pas assez de demande.

« Les filatures ferment les unes après les autres en Indonésie. Au Pakistan l’accès au Forex limite l’intervention des importateurs. Au Bangladesh les industriels plient sous le poids de la dette qui effraie les banques elles-mêmes. Au Vietnam on tente de tirer partie d’opportunités de marché en proposant des prix toujours plus bas. Les cartes sont aujourd’hui dans les mains des acheteurs de fils qui ne se privent pas de peser sur les prix en deçà du prix de revient. Dans ce contexte, rien ne va plus » précise Mambo Commodities.

Cette situation intervient alors que l’on ne manque pas de coton. Les dernières projections du rapport mensuel sur l’offre et la demande mondiale des produits agricoles (Wasde) du département américain de l’Agriculture (Usda) montrent une révision à la hausse des stocks tant aux Etats-Unis qu’au niveau mondial pour la campagne 2023/24 et celle de 2024/25.

Une bonne nouvelle toutefois en provenance de Chine avec le relèvement par ministère chinois de l’Agriculture de 200 000 tonnes ses prévisions d’importations de coton pour la campagne 2023/24 dans ses perspectives de juin. Les importations de coton au cours de la saison devraient atteindre 3 millions de tonnes après des arrivages plus élevés que prévu en raison d’une différence de prix de longue date entre le coton national et le coton importé, selon le rapport Chinese Agricultural Supply and Demand Estimates (CASDE). En conséquence, les prévisions concernant les stocks de coton au début de la prochaine campagne agricole 2024/25 ont été relevées de 2,56 % par rapport aux estimations précédentes, à 8,02 millions de tonnes.

L’USDA estime que les importations chinoises pour 2023/24 devraient atteindre leur plus haut niveau depuis plus d’une décennie, à 14,8 millions de balles (Mb), soit plus du double du volume de l’année dernière. Des importations stimulées par les achats du gouvernement pour la réserve, une production intérieure plus faible et des prix étrangers plus bas par rapport aux prix intérieurs

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme est relativement stable à l’approche d’un long week-end, la bourse étant fermée lundi prochain pour les vacances de Hari Raya Haji. Le contrat août sur le Bursa Malaysia Derivatives Exchange a terminé aujourd’hui à 946 ringgits ($836,55) la tonne contre 3 976 ringgits vendredi dernier. Le contrat a perdu de 0,73 % cette semaine, marquant sa deuxième baisse hebdomadaire.

En Inde, les importations d’huile de palme ont augmenté de 11,6 % en mai par rapport au mois précédent pour atteindre leur plus haut niveau en quatre mois à 763 300 tonnes, la réduction par rapport aux huiles concurrentes ayant entraîné une augmentation des achats, indique dans un communiqué l’Association indienne des extracteurs de solvants (SEA). Les importations d’huile de soja ont chuté d’environ 16% à 324 016 tonnes et celles d’huile de tournesol ont bondi de 75% à 410 727 tonnes, tandis que les importations totales d’huile végétale ont augmenté de 16% à 1,5 million de tonnes.

Les importations d’huile de palme brute ont été proposées à environ $951 la tonne, CAF en Inde le mois dernier, tandis que l’huile de soja et l’huile de tournesol l’ont été respectivement à environ $1 000 et $987 la tonne, précise la SEA.

En Malaisie, les stocks d’huile de palme ont augmenté de 0,5% en mai et atteint leur plus haut niveau depuis 3 mois à 1,75 million de tonnes (Mt) malgré l’augmentation des exportations, selon les chiffres du Malaysian Palm Oil Board (MPOB). La production d’huile de palme brute a augmenté de 13,48% par rapport à avril pour atteindre 1,70 Mt, soit la plus importante depuis six mois. Quant aux exportations, elles ont bondi à un sommet sur six mois de 1,38 Mt, en hausse de 11,66 % par rapport à avril.

Côté entreprises, Louis Dreyfus Company (LDC) étend ses activités de raffinage d’huile de palme en Indonésie, ce qui comprendra la construction d’une nouvelle usine de glycérine et une production accrue de biodiesel, a déclaré un haut responsable de l’entreprise.

RIZ

Les prix du riz à l’exportation du Vietnam ont légèrement baissé cette semaine tandis que les prix du riz exporté depuis d’autres grandes plateformes asiatiques sont restés stables.

Au Vietnam, les prix Viet 5 % ont baissé à $570-$575 la tonne contre $575-$580 la semaine dernière. La hausse des coûts d’expédition, tant au niveau national qu’international, a un impact sur les expéditions de riz, estime un négociant basé à Hô Chi Minh-Ville tandis qu’un autre négociant estime que la décision des Philippines d’abaisser ses droits d’importation sur le riz augmenterait les expéditions de riz vietnamien. Depuis des années, les Philippines constituent le plus grand marché d’exportation de riz du Vietnam.

En Inde, les prix du riz étuvé sont inchangés à $539-$546 la tonne. « Les acheteurs africains effectuent continuellement des achats. La dépréciation de la roupie permet aux exportateurs d’absorber la hausse des prix locaux en raison de la baisse de l’offre », indique un négociant basé à Mumbai.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5 sont stables à $630 la tonne. La demande est régulière en provenance notamment d’Indonésie et des Philippines.

Le Bangladesh prévoit d’importer 400 000 tonnes de riz en 2024.

SUCRE

Remontée du sucre cette semaine avec une clôture hier pour le roux coté à New York à 19,59 cents la livre sur l’échéance juillet contre 19 cents vendredi dernier. Quant au sucre blanc, il a clôturé hier à $567,40 la tonne contre $553,3 vendredi dernier sur l’échéance août.

L’ISO est passée d’une perspective neutre à une perspective plus haussière au cours des trois prochains mois” indique l’Organisation internationale du sucre (Iso) dans son rapport trimestriel publié lundi. Ainsi, elle a relevé ses prévisions de déficit mondial en sucre pour la saison 2023/24 en cours (octobre/septembre) à 2,954 millions de tonnes (Mt) contre un déficit de 689 000 tonnes prévu dans mise à jour en février. « Le déficit notionnel grandissant, parallèlement à l’écart croissant entre les volumes d’importations et d’exportations, et les positions courtes spéculatives contribuent à une transition du sentiment du marché à l’égard des prix“, indique-t-elle.

La production mondiale en 2023/24 est estimée à 179,27 Mt, en baisse par rapport aux prévisions précédentes de 179,749 Mt. La consommation devrait augmenter à 182,224 Mt contre 180,438 Mt auparavant. L’ISO a maintenu ses prévisions pour la production du Brésil, principal producteur, en 2023/24, à 44,519 Mt, mais a ajouté que les révisions à la baisse dans les régions, dont l’Amérique du Nord, avaient plus que compensé les estimations de production plus élevées pour la Thaïlande et la Chine.

L’ISO prévoit désormais que le ratio stocks de clôture/consommation de sucre pour 2023/24 tombera à 53,54 %, contre 54,63 % auparavant. L’organisme international estime également qu’en raison d’une demande meilleure que prévu, il y a eu un déficit mondial de sucre de 1,153 Mt au cours de la saison 2022/23, plutôt qu’un excédent de 308 000 tonnes.

Aux États-Unis, le département américain de l’Agriculture (Usda) a abaissé à 11,5 % sa prévision du ratio stocks de sucre/utilisation aux États-Unis, un indicateur clé du niveau de l’offre, pour la saison 2024/25 contre 11,7% le mois dernier alors que les estimations de la production de sucre aux États-Unis ont chuté. L’Usda considère qu’un ratio stocks/utilisation de 13,5 % est suffisant pour le niveau d’approvisionnement du pays. Le gouvernement pourrait donc augmenter les importations pour ajuster le marché à ce niveau dans les mois à venir.

En Egypte est entrée en vigueur l’interdiction d’exporter du sucre pour une période de trois mois.

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