La filière cacao s’enfuit de la région anglophone du sud-ouest du Cameroun
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En raison de l’intensification de la violence entre les mouvements séparatistes anglophones et les forces de l’ordre au Cameroun, les entreprises cacaoyères comme Telcar Cocoa (joint venture Cargill-et la femme d’affaire camerounaise Kate Kanyi Fotso Tometi), Olam ou encore Theobroma (filiale du groupe Ecom) ont évacué la majorité de leur personnel de cette région du sud-ouest, rapportent plusieurs sources interrogées par Reuters. Theobroma a fait évacué son staff de la région de Mamfe à Kumba, Olam a évacué le sien de Mamfe et de Kumba pour l’installer dans la capitale économique du pays, à Douala.
Nombre de petits cacaoculteurs ont également quitté la région, abandonnant leurs récoltes alors que la campagne 2018/19 vient de démarrer, début août. Cette région du sud-ouest du Cameroun, 4ème producteur mondial de fèves, représentait 45% de la production cacaoyère nationale en 2016/17 mais sa part a chuté à 32% la campagne dernière.
Rappelons que la production nationale de cacao en 2017/18 a été de 253 510 tonnes (t), selon l’Office national du cacao et du café (ONCC) (240 000 selon l’Organisation internationale du cacao. Mais les stocks de cacao sont passés de 7 212 t en 2016/17 à 21 159 t en 2017/18, des stocks essentiellement dans la région anglophone et aujourd’hui difficile d’accès. Ceci dit, des fèves parviennent à sortir de la région, notamment via des exportations frauduleuses au Nigeria voisin. Selon un trader, les volumes qui quittent ainsi le pays sont passés de 10 000 t les années précédentes à 30 000 ou 40 000 t la campagne 2017/18.
La violence dans cette région cacaoyère du Cameroun sévit depuis novembre 2016, lorsque le gouvernement a violemment réagi contre le mouvement de protestation des enseignants et juristes anglophones qui évoquent la marginalisation croissante face à la majorité francophone. La crise s’est intensifiée avec l’approche des élections prévues en octobre.
Une violence qui touche les activités cacao. Au moins un entrepôt appartenant à Telcar, le plus gros acheteur de fèves de la région, aurait été incendié. La plupart des entreprises d’export ont recours à des acheteurs locaux pour aller chercher les fèves ne brousse.
Depuis la fin de l’année dernière, quelque 200 000 personnes auraient fui la région anglophone, selon l’Onu.