Abdoulaye Diallo de Proparco : « contribuer à un renforcement de la sécurité alimentaire en Afrique »

 Abdoulaye Diallo de Proparco : « contribuer à un renforcement de la sécurité alimentaire en Afrique »
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L’institution financière Proparco, filiale de l’Agence française de développement dédiée au secteur privé, a enrichi son offre en matière de trade finance avec la mise en place d’un nouveau outil de partage de risques pour répondre aux besoins de financement croissants des entreprises de négoce opérant avec l’Afrique.

Fruit d’un partenariat avec la banque Bic-Bred -basée en Suisse, filiale du groupe français Bred-Banque Populaire et spécialisée dans le financement du négoce – et Proparco, le mécanisme a été mis en place pour le financement des groupes français de négoce Céréalis pour les céréales et Touton pour le cacao et café.

Interview pour CommodAfrica de Abdoulaye Diallo, Senior Investment Officer, Financial Institutions & Inclusion – Trade Finance à Proparco.

Vous venez de mettre en place un nouveau mécanisme de partage de risques pour les entreprises Céréalis et Touton. Pouvez-vous nous expliquer ?

Proparco va intervenir en soutien des financements qui vont être accordés par la Bic-Bred à son client Céréalis ou Touton.  Nous allons en tant qu’institution de financement du développement (DFI) garantir une partie de la facilité de crédit octroyé à Céréalis  ou Touton par  la Bic Bred pour financer son cycle d’opération. Ce cycle va de l’achat des matières premières auprès de ses fournisseurs jusqu’à la revente de la marchandise à ses clients finaux.

C’est une garantie. L’objectif est de permettre à Bic-Bred de financer des volumes plus importants et par ricochet à Céréalis ou Touton de bénéficier d’une capacité de financement plus conséquente.

Aujourd’hui la capacité de financement du négoce est-elle moindre ? Les banques sont-elles plus frileuses ?

Nous émettons cette garantie pour plusieurs raisons. Les besoins de financement sont très importants. Les capacités  de financement des banques sont propres à chacune et propres  à l’appétit de crédit définit par leur risque en interne. Le partage de risque est un moyen assez aisé pour les banques de proposer des solutions de financement à leurs clients.

Comment est rémunéré ce partage de risque de Proparco ?

Il y a un mécanisme de partage de risque et de partage des commissions sur les transactions financières.

Comment s’inscrit ce partage de risque dans la politique de Proparco ?

La volonté de Proparco est de contribuer à un renforcement de la sécurité alimentaire en Afrique notamment, dans cette période compliquée avec de fortes tensions sur les marchés mondiaux. Nous pensons que ce projet répond pleinement à l’objectif : la volonté de Proparco est d’avoir un impact et d’accroître le soutien à la fois à l’acheminement de denrées agricoles en ou au départ d’Afrique et aussi de soutenir les économies locales qui produisent ou bien qui intègrent les produits échangés dans une activité de transformation (boulangerie par exemple) ou de distribution.

C’est la première fois que vous faîte cela ?

Sous cette forme de partage de risque oui. Nous avons plusieurs outils de garantie. Nous avons des outils de partage de risque sur des Pme spécialisées mais sous cette forme avec une banque spécialisée dans le trade et un négociant de l’autre, oui c’est la première fois.

L’invasion de la Russie par l’Ukraine dont une des conséquences a été une tension sur les marchés des céréales et des oléagineux mais qui a  aussi rappelé l’importance de la sécurité alimentaire et de l’agriculture en Afrique a-t-elle été un déclencheur ou la décision était plus ancienne ?

C’est une réflexion effectivement ancienne. Et surtout, elle s’inscrit dans le mandat de Proparco de soutenir les pays et les économies des pays émergents avec une priorité très clair pour le continent africain. Il y a déjà plusieurs outils qui répondent à cet objectif. Nous avons pensé que dans un contexte de prix élevés et d’un environnement géopolitique tendu il était important de créer de nouveaux outils ou tout du moins d’étendre la gamme d’outils.

La situation actuelle de l’Afrique post-covid avec la crise économique et la hausse des prix des produits alimentaires mais aussi des engrais et du fret, ainsi qu’un endettement croissant des Etats ont-elles été un signal supplémentaire pour mettre en place ces garanties face à un risque de financement plus élevé ?

Les questions macroéconomiques jouent. Très concrètement nous sommes dans un contexte de prix très élevés et le coût du transport en 2020/21 ont aussi été très élevés et cela pèse sur les capacités de financement des intervenants. Les besoins se sont donc accrus et le rôle des DFI, comme Proparco, est justement de venir en appui quand il y a des tensions, des limites qui sont atteintes pour que l’activité économique puisse se poursuivre

Ce sont donc surtout l’accroissement des coûts. La raréfaction de l’argent, après la période covid, et la hausse des taux d’intérêt n’ont pas joué ?

C’est un facteur qui a joué mais ce n’est pas le facteur déterminant. Le facteur déterminant va être le mandat de Proparco et dans un deuxième temps le contexte de prix  et l’environnement géopolitique.

Ce mécanisme n’est mis en place que pour l’Afrique ?

Pour le moment oui. Nous souhaitons concentrer nos efforts sur le continent africain qui est très affecté par les perturbations actuelles sur les marchés.

Pour ces deux premières opérations, Céréalis et Touton, ce sont deux entreprises françaises. On a parfois reproché à Proparco de financer des entreprises étrangères, qui dans certains cas pouvaient concurrencer des entreprises françaises. Est-ce un choix d’appuyer des entreprises françaises ?

Nous sommes très contents de soutenir des entreprises françaises. Il se trouve que dans le cadre de ce projet pilote nous avons jugé utile de les réaliser avec une banque française, bien connue de la place et de Proparco. Conjointement avec la Bic-Bred nous nous sommes accordés sur le fait de choisir des clients avec lesquels ils travaillaient bien et le choix s’est porté naturellement sur ces sociétés.

L’objectif est de poursuivre le développement de ce type de garanties à l’horizon 2023/24.

 

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