Cyclope 2024 : les marchés de commodités sont le baromètre de l’état du monde

 Cyclope 2024 : les marchés de commodités sont le baromètre de l’état du monde

@ Cyclope 2024

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« Depuis trois ans, nous vivons une rupture profonde, celle qui a été marquée symboliquement par le Covid puis par la guerre en Ukraine et d’une manière plus générale par cette fragmention du monde que nous voyons aujourd’hui avec des guerres, avec des barrières un petit peu partout et sur la planète un retour sur les tables du grand jeu tel qu’il avait existé à la fin du XIX siècle entre les grandes puissances impériales » souligne Philippe Chalmin, professeur à l’université Paris-Dauphine et codirecteur du CyclOpe avec Yves Jégourel, professeur du Cnam, lors de la conférence de presse de la 38ème édition du rapport Cyclope 2024 la sur les marchés des matières premières qui a pour sous-titre Attendre et Espérer, l’ultime ligne du comte de Monte Cristo d’Alexandre Dumas.

@ CommodAfrica

Un monde où la dimension géopolitique n’a jamais été aussi importante. Elle est au cœur directement ou indirectement de la plupart des marchés des matières premières et donc sources de grandes tensions sur ces marchés. « Les marchés de commodités sont le thermomètre je dirais même le baromètre de l’état du monde » souligne Philippe Chalmin.

Cuivre et cacao supérieurs à $10 000 la tonne

Avec une géopolitique qui n’a peut-être jamais été aussi présente, les marchés sont extrêmement volatiles. Plusieurs bulles ont ainsi éclaté en 2023. Celles du gaz naturel, du blé mais aussi du lithium ou du fret. Globalement l’indice Cyclope est en retrait de 14% en 2023 et de 11% hors pétrole et métaux précieux. Rares sont les matières premières qui ont progressé. Parmi une quinzaine, le sucre blanc en Europe (+62%), déjà le cacao (+37%), le riz (+30%), les viandes (+19 à +23%), le jus d’orange (+19%) ou l’Uranium (+17%). Le gaz est revenu à une certaine normalité, le pétrole baisse mais les prix restent à un bon niveau et le monde n’a jamais consommé autant de pétrole en 2023, les produits agricoles retrouvent une certaine abondance et l’El Nino s’estompe.

Sur les premiers mois de 2024, les deux « stars » sont incontestablement le cacao et le cuivre, qui ont tous les deux franchis la barre des $10 000 la tonne. L’or brun a grimpé face à des mauvaises conditions climatiques en Afrique de l’Ouest, avec une baisse de récolte en Côte d’Ivoire et au Ghana, qui représentent à eux seuls 60% du cacao mondial.    Si le cacao a depuis subit une correction, le cuivre, le métal stratégique du 21ème siècle indispensable pour le mener la transition énergétique, pourrait poursuivre sa remontée jusqu’à $12 000 la tonne à la fin de l’année et atteindre $15 000 la tonne d’ici la fin de la décennie.

Si les co-directeurs de Cyclope ont rappelé la difficulté de faire des prévisions, surtout dans un tel contexte géopolitique mais aussi climatique et politique avec en ligne de mire l’élection américaine le 5 novembre prochaine, ils se sont pliés à l’exercice en prévoyant une nouvelle baisse de l’indice Cyclope de 6%.

 

 

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