La Chronique matières premières agricoles au 16 mars 2023

 La Chronique matières premières agricoles au 16 mars 2023
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Les Bourses européennes sont attendues en hausse aujourd’hui, au terme d’une semaine mouvementée par la peur d’une crise bancaire. Le soutien financier apporté par la banque centrale suisse à Crédit Suisse a contribué à apaiser les tensions hier. Dans la même veine, 11 banques américaines, dont JPMorgan ont accepté d’injecter $ 30 milliards dans les caisses de First Republic Bank au bord de l’effondrement, pour éviter un effet domino après la faillite de SVB, Silvergate et Signature, souligne Reuters.

Pour sa part, la Banque centrale européenne (BCE), qui a relevé hier d’un demi-point ses taux, s’est voulue rassurante en expliquant que les banques de la zone euro étaient solides et que la hausse des taux d’intérêt devrait renforcer leurs marges. D’ailleurs, les marchés financiers recommencent à miser sur une hausse des taux de la Fed de 25 points de base la semaine prochaine.

“La BCE a répondu aux attentes des analystes avec un relèvement d’un demi-point, tout en soulignant que les prochaines décisions dépendront des données“, a déclaré Massimiliano Maxia, chez Allianz Global Investors. “Nous pensons que c’était la bonne chose à faire, une hausse moins importante aurait pu susciter de nouvelles inquiétudes quant à la stabilité du système financier“, a-t-il ajouté.

L’euro a profité des annonces de la BCE et a clôturé en hausse à $ 1,0614.

Côté pétrole, après avoir atteint mercredi son plus bas niveau en 15 mois, le marché du pétrole a regagné du terrain, soutenu par des informations selon lesquelles le ministre saoudien de l’Energie et le vice-Premier ministre russe se sont rencontrés pour discuter des moyens d’améliorer la stabilité des cours. Hier soir, le Brent a clôturé à $ 74,65 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 68,48.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZ SUCRE

CACAO

Une semaine quasiment pour rien pour le marché du cacao, impacté par les turbulences des monnaies suite aux crises bancaires. L’étroitesse de l’offre de fèves de cacao soutient globalement les cours mais ils ont tout de même glissé cette semaine, essentiellement pour des questions de monnaies. Ainsi, à Londres, la tonne est passée de £ 2 079 vendredi dernier à £ 2 074 à la clôture hier soir sur l’échéance mai. New York a enregistré la même tendance, passant de $ 2 704 à $ 2 723. A noter que l’échéance mars a expiré hier avec environ 70 000 tonnes (t) qui devaient être soumissionnées.

Fitch Solutions a révisé à la hausse de $ 120 la tonne ses prévisions de prix moyen sur 2023 à $ 2 500 la tonne, car il considère que la production ghanéenne de fèves baissera de 7,9% sur la campagne 2022/23. Il estime le déficit mondial à 78 000 tonnes (t) en 2022/23.

Citi, quant à elle, estime le déficit à 90 000 t sur cette même campagne 2022/23 en cours. Jusqu’à maintenant, les analystes de la banque avaient estimé que le marché serait à l’équilibre. “Comme le report était déjà serré suite à un déficit de la précédente récolte (2021/22) de plus de 225 000 t et qu’une baisse de la consommation ne s’est pas encore matérialisée, les prix à terme pourraient se situer dans une fourchette plus élevée”, indique la note. Sur 2023, le prix moyen est estimé atteindre $ 2 585 $ la tonne contre $ 2 350 estimé précédemment du fait de ce déficit.

En Côte d’Ivoire, les arrivages de fèves aux deux ports d’Abidjan et de San Pedro totalisent 1,706 Mt du 1er octobre au 12 mars, en baisse d e4,8% par rapport à la même période la campagne dernière, estiment les exportateurs.

CAFÉ

Un marché du café turbulent. Partie de $ 1,778 vendredi dernier à New York, la livre (lb) s’est hissée au-dessus des $ 1,80 pour clôturer hier soir à $ 1,8005. En revanche, le Robusta coté à Londres est passé de $ 2 140 à $ 2 104 la tonne sur l’échéance mai.

En effet, on piaffe d’impatience que la récolte d’Arabica démarre au Brésil le mois prochain car, pour l’instant, les disponibilités de produit physique sont étroites. Et au Brésil, il a plu dans les régions caféières, ce qui améliore les perspectives de récolte. Aux Etats-Unis, les stocks de café vert ont baissé de 159 994 sacs de 60 kg à fin février, à 6,1 millions de sacs (Ms), a annoncé mercredi la Green Coffee association (GCA).

Quant au Robusta, les prix ont baissé au Vietnam cette semaine, suivant en cela le marché à terme à Londres qui s’inquiète des turbulences bancaires mondiales. Rappelons que le marché à terme du café est, avant tout, un marché financier.

Mais revenons au Vietnam. Le prix au planteur dans les Central Highlands a baissé à 46 300-47 400 dongs le kilo ($ 1,96-2,01) contre 47 400-48 500 dongs la semaine dernière. A l’export, le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, s’est négocié avec une décote de $ 20 seulement par rapport au terme de Londres. Ceci dit, on s’inquiète du manque de pluies dans les zones de production et les caféiculteurs ne vendent que de faibles volumes en attendant de voir comment évolue la situation.

En Indonésie, le prix du Robusta de Sumatra grimpe en flèche. Cette semaine, il a trouvé acquéreur avec une prime allant jusqu’à $ 135 sur l’échéance juillet contre $ 70 sur mai. “L’augmentation est due à la chute drastique des prix à Londres et à la pénurie de haricots lors de la mini-récolte causée par de fortes pluies”, a expliqué à Reuters un trader.

CAOUTCHOUC

Le caoutchouc s’étire vers le bas enregistrant 11 séances consécutives de baisse. Hier, les cours sur l’Osaka Exchange clôturaient à 207,9 yens ($1,57) le kilo, un plus bas de deux ans,  contre 219,2 yens vendredi dernier. Même tendance à Shanghai, partis de 11 990 yuans vendredi ils ont atteint hier 11 570 yuans ($1 676,4) la tonne. L’environnement macroéconomique a pesé sur le marché du caoutchouc avec l’effondrement aux Etats-Unis de la Silicon Valley Bank et la crainte d’une crise bancaire tandis que la pression sur la hausse des taux pourrait ralentir l’économie.

Pour la Chine, le taux d’exploitation est actuellement élevé, mais le sentiment sur la demande future est médiocre“, a déclaré un négociant basé à Singapour à Reuters, ajoutant que “les États-Unis et l’Europe cherchent tous à ralentir, tandis que la reprise en Chine est également lente“. En outre, “Les stocks chinois de produits finis en caoutchouc atteignent un sommet de 1,6 million de tonnes, et la consommation de pneus jusqu’au deuxième trimestre devrait être lente, les stocks des usines de pneus atteignant un sommet d’environ trois à quatre mois. Il est peu probable que la demande chinoise être là jusqu’au moins Q2 à Q3.”

En Malaisie, la production de caoutchouc naturel  au mois de janvier a chuté de 3,6 % par rapport au mois de décembre à 29 451 tonnes. En variation annuelle, c’est un recul près de 40%, la production s’établissant à 48 546 tonnes en janvier 2023, selon le département malaisien des statistiques (DoSM). Les stocks totaux sont en baisse de 3,4% à 194 553 tonnes en janvier 2023.  Quant aux exportations, elles sont en recul de 16,3%  par rapport au mois de décembre à 40 867 tonnes. La Chine demeure la principale destination (41,2 % des exportations totales en janvier 2023), suivie par la Turquie (5,4 %), l’Allemagne (5,1 %), les États-Unis (3,6 %) et le Brésil (2,7%).

Côté entreprises, le premier fabricant mondial de gant, le malaisien  Top Glove Corp a annoncé un troisième trimestre déficitaire au deuxième trimestre clos le 28 février 2023. La perte nette du groupe s’est élevée à 164,67 millions de ringgits contre un bénéfice net de 87,55 millions de RM un an plus tôt. Le chiffre d’affaires a été réduit de plus de moitié, passant de 1,48 milliard à 618 millions de ringgits.

L’activité de déstockage a persisté, tirée par les stocks excédentaires des clients, entraînant un carnet de commandes plus souple. La situation a été aggravée par la situation d’offre excédentaire de gants, combinée à un manque d’urgence des clients à passer des commandes à la lumière des délais de livraison plus courts dus à une utilisation moindre des fabricants», indique Top Glove. La hausse des coûts de production a également pesé sur les revenus car le groupe n’a pas pu le répercuter sur les clients.

Sur les six premiers mois de l’exercice 2023, le groupe enregistre  une perte nette de 332,90 millions de ringgits, contre un bénéfice net de 273,27 millions un an plus tôt. Quant au chiffre d’affaires semestriel, il  a diminué de 58,2 % pour atteindre 1,25 milliard, contre 3,09 milliards de ringgits.

COTON

Toujours une petite forme pour le coton qui semble particulièrement affecté par l’environnement macroéconomique qui n’a pas été très favorable cette semaine avec la faillite de la Silicon Valley Bank aux Etats-Unis. Après avoir chuté de plus de 4% la semaine dernière pour atteindre 78,18 cents la livre vendredi dernier sur l’ICE, les cours du coton ont légèrement remonté pour clôturer hier à 79,16 cents la livre.

En Inde, la Cotton Association of India (CAI) a révisé à la baisse ses prévisions de production de coton pour la campagne  2022/23 (qui se termine le 30 septembre)  à 31,3 millions de bailles. Une révision qui pourrait faire tomber les stocks de coton de près de 16%, soit son plus bas niveau depuis 2003/04, à 3,69 millions de balles et potentiellement réduire les exportations du premier exportateur mondial lors de la prochaine campagne.  Elles pourraient tomber à 3 millions de balles contre 4,3 millions de balles il y a un an, indique la CAI (Lire : Des opportunités liées à la chute de l’offre en coton d’Inde).

La Côte d’Ivoire, qui a vu sa production de coton chuter de plus de 50% suite à l’invasion massive de jassides en 2022/23, à 259 300 tonnes,  ambitionne de retrouver dès la prochaine campagne un niveau de production supérieur à 500 000 tonnes (Lire : La Côte d’Ivoire compte refermer rapidement la campagne cotonnière désastreuse de 2022/23).

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme glissent toujours vers le bas en dépit de fondamentaux solides avec une clôture hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 3 935 ringgits ($874,44) contre 4 098 ringgits vendredi dernier. Un marché sous la pression de la faiblesse des autres huiles végétales et d’un environnement macroéconomique négatif.

Les exportations de produits malaisiens à base d’huile de palme du 1er au 15 mars ont en effet grimpé de 55% à 72% par rapport à la même période en février, les expéditions vers l’Inde ayant bondi avant la fête musulmane de l’Aïd, selon les données des inspecteurs du fret.

En Inde, les importations d’huile de palme ont chuté de 30% au mois de février par rapport au mois de janvier pour atteindre un plus bas niveau de 8 mois à 586 000 tonnes, indique la Solvent Extractors ‘Association of India (SEA). Une baisse imputable au niveau  élevé des stocks suite à de fortes importations de novembre à janvier, en hausse de 86% en  raison de la baisse des prix alors même que la demande est plus modérée les mois d’hiver. “Les raffineurs donnent désormais la préférence à la réduction des stocks. Ils disposent de stocks suffisants pour couvrir la demande à court terme“, indique à Reuters un revendeur basé à Mumbai.

Les importations d’huile de soja en février ont diminué de près de 3 % par rapport à janvier à 355 840 tonnes, tandis que celles d’huile de tournesol ont chuté de 66 % à 156 628 tonnes indique la SEA.

Les stocks d’huiles végétales dans le pays ont presque doublé par rapport à il y a un an pour atteindre un record de 3,4 millions de tonnes malgré une baisse de 33% des importations totales d’huiles végétales en février, ajoute le communiqué de la SEA.

L’Indonésie prévoit de fixer son prix de référence de l’huile de palme brute à $911,41 la tonne du 16 au 31 mars, contre $889,77 au cours de la première moitié du mois, a déclaré lundi Musdhalifah Machmud, un responsable du ministère de Coordination de l’économie.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz du Vietnam ont prolongé leurs gains cette semaine tandis que ceux de l’’Inde et la Thaïlande reculent par un affaiblissement de leurs devises nationales.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont augmenté à $450 la tonne contre $440-$445 la semaine dernière. Une légère hausse imputable à un redressement des exportations vers la Chine et une demande plus soutenue de l’Indonésie pour reconstituer ses réserves nationales, selon un négociant. En outre, la décision de la banque centrale de réduire ses taux directeurs mercredi donnerait un coup de pouce aux activités d’exportation, y compris les expéditions de riz, ajoute-t-il.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% se sont légèrement affaissés à $382 -$387 la tonne contre  $385-$390 de la semaine dernière. La chute de la roupie a permis de réduire les prix à l’exportation et la demande des pays africains est également faible, selon un exportateur.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont aussi en baisse à $455 la tonne contre $460 la semaine derrière.  Le marché est calme, la légère diminution des prix est imputable aux variations du taux de change.

SUCRE

Petite baisse de régime sur le sucre roux qui a clôturé hier soir à new York à $20,76 cents la livre (lb) contre 21,16 cents en fin de semaine dernière. Le sucre blanc n’a guère été en meilleure forme, passant de $ 589,90 à $ 585,60 la tonne sur mai.

Mais le marché demeure globalement fort, soutenu par la perspective de productions en baisse dans des pays majeurs comme l’Inde, la Chine, la Thaïlande et l’Union européenne. En outre, le port brésilien de Paranagua accuse des retards dans l’expédition de sucre comme d’autres denrées alimentaires comme le soja.

S&P Global Commodity Insights a réduit de 570 000 t ses prévisions de production de sucre dans l’Union européenne (UE) et au Royaume uni qui, de ce fait, serait de 16,8 Mt, en hausse malgré tout d’un million de tonnes par rapport à 2021/22. En cause essentiellement, la récente interdiction française sur les pesticides qui devrait entrainer une réduction de 7% des superficies consacrées à la betterave sucrière en France. Il faut remonter 14 années en arrière pour retrouver de si faibles superficies.

La production de sucre en Inde a baissé de 1% à 28,2 Mt depuis le début de la campagne en cours le 1er octobre, annonce aujourd’hui l’Indian Sugar Mills Association (ISMA). De ce fait, le plus grand producteur mondial d’édulcorant ne disposera quasiment d’aucun excédent pour des exportations supplémentaires au cours de la campagne 2022/23 en cours.

Le gouvernement a autorisé les raffineries à exporter 6,1 Mt sur 2022/23 et avait annoncé dès la mi-janvier (lire nos chroniques) qu’une deuxième tranche ne serait pas autorisée. En effet, l’ISMA avait alors réduit de 7% ses estimations de production 2022/23 à 34 Mt par rapport aux prévisions précédentes de 36,5 Mt. Rappelons qu’en 2021/22, le pays avait produit un record de 35,8 Mt et exporté 11,2 Mt.

La faiblesse de l’Inde sur les marchés internationaux profitera, sans aucun doute, au Brésil et à la Thaïlande.

 

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