La Chronique matières premières agricoles au 23 février 2023

 La Chronique matières premières agricoles au 23 février  2023
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Les principales Bourses européennes, hormis Londres, ont terminé en hausse jeudi, tandis que Wall Street s’est retournée en fin de matinée dans une séance volatile où les investisseurs ont été partagés entre des indicateurs montrant une nouvelle fois une résistance de l’économie américaine et les solides résultats publiés par de grands groupes, dont Nvidia, indique Reuters.

Aux Etats-Unis, les inscriptions au chômage ont reculé à 192 000 la semaine dernière, signe d’un marché du travail toujours tendu, tandis que le département du Commerce a indiqué que le PIB américain avait progressé au quatrième trimestre, de 2,7% en rythme annualisé. Même si ce taux est légèrement inférieur à la première estimation ressortie à 2,9%, il témoigne lui aussi d’une économie toujours solide, malgré les tentatives de la Réserve fédérale pour freiner la demande.

Ceci dit, l’inflation en zone euro a été légèrement plus forte en janvier qu’estimé initialement, avec une hausse de 8,6% en rythme annuel, selon Eurostat.

Sur le marché des changes, le dollar a touché hier un plus haut depuis le 6 janvier face à un panier de devises internationales avant de réduire ses gains à 0,17% au moment de la clôture en Europe. L’euro a reculé légèrement de 0,18%, à $ 1,0582, également à un creux depuis janvier, la monnaie européenne n’ayant pas réagi aux chiffres de l’inflation en zone euro.

Côté pétrole, les marchés ont craint un relèvement des taux d’intérêt qui pourrait affecter la demande et ce, alors que les stocks de brut ont augmenté la semaine dernière aux Etats-Unis de 9,9 millions de barils, selon les chiffres de l’American Petroleum Institute rapportés par des sources. Le Brent a clôturé hier soir à $ 81,81 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 75,06.

CACAO –  CAFÉ –  CAOUTCHOUCCOTON – HUILE DE PALME RIZ –  SUCRE

CACAO

Le cacao a très légèrement glissé à Londres sur la période sous revue : partie de £ 2 121 vendredi dernier, la tonne de fèves a clôturé hier soir à £ 2 119 sur l’échéance mai. A New York, elle est passée de $ 2 771 à $ 2 770.

Après la forte hausse des cours la semaine dernière, certains traders estiment que le marché a perdu de sa force et ce d’autant plus que la situation des disponibilités en Afrique de l’Ouest n’est pas claire.

En effet, le Conseil ivoirien du cacao et du café (CCC) a déclaré lundi que les exportateurs ivoiriens de cacao seraient toujours en mesure d’honorer leurs contrats malgré un ralentissement des arrivées au port (lire nos informations : Le Conseil café cacao se veut rassurant sur la campagne cacaoyère en Côte d’Ivoire).

Il a déclaré que même si certains exportateurs nationaux étaient en retard sur leurs achats et risquaient de faire défaut en raison de pénuries de fèves, les niveaux de précipitations actuels devraient inverser la tendance d’ici la fin du mois. Le CCC “souhaite rassurer et informer tous les acteurs de la chaîne de valeur cacao de la filière cacao que tout est mis en œuvre pour faciliter l’approvisionnement en fèves”, indique-t-elle lundi dans un communiqué. Il a ajouté que des mesures seraient prises pour limiter les achats supplémentaires et la constitution de stocks tandis que d’autres exportateurs peinent à répondre à leurs besoins. Le CCC « tient à rassurer tous les opérateurs sur le respect des engagements pris pour le déroulement normal de la campagne », a-t-il précisé.

Les arrivées de fèves de cacao dans les ports ont chuté au cours des dernières semaines alors que la récolte principale d’octobre à mars s’achève. Les arrivées dans les principaux ports se sont élevées à 22 000 tonnes entre le 13 et le 19 février, contre 58 000 tonnes la même semaine la saison précédente, ont estimé les exportateurs plus tôt lundi.

Les précipitations ont été inférieures à la moyenne dans la plupart des régions productrices de cacao de Côte d’Ivoire la semaine dernière. Il faudrait davantage de pluies avant la fin de ce mois ou début mars pour aider la prochaine mi-récolte à atteindre son potentiel maximum.

CAFÉ

Le café est résolument à la hausse. La livre (lb) d’Arabica est passée de $ 1,8575 sur l’échéance mai vendredi dernier à $ 1,897 hier soir. Quant au Robusta, partie de $ 2 098 en fin de semaine dernière, la tonne a grimpé mercredi à son prix le plus élevé en cinq mois, à $ 2 208, pour clôturer hier soir à $ 2 161.

L’étroitesse des disponibilités physiques actuellement renchérit la prime sur les contrats mars du café par rapport à mai de plus de 6 cents la livre. Cette étroitesse renchérit aussi les prix du café au Brésil, même si les planteurs ne sont pas pressés de vendre, ainsi qu’en Colombie.

Selon les données du ministère brésilien du Commerce publiées hier, les exportations de café vert étaient en moyenne de 6 000 t par jour (100 000 sacs de 60 kg) jusqu’à la troisième semaine de février, contre une moyenne quotidienne de 10 960 tonnes (182 660 sacs) sur tout le mois de février.

Pour sa part, le consultant Safras & Mercado, les caféicuteurs brésiliens auraient vendu 78% de leur récolte 2022/23 (juillet à juin) au 15 février, soit bien en-deçà des 86% à pareille époque l’année dernière et des 81% en moyenne sur une période plus longue. En effet, même si les prix de l’Arabica ont augmenté récemment (vendredi, il était au plus haut en 3 mois), les planteurs prennent leurs précautions. A noter que les ventes anticipées sur la prochaine campagne 2023/24 ne représentent que 17%, soit en-deçà des 27% enregistrés l’année dernière à pareille époque.

Le courtier et analyste HedgePoint a révisé sa projection pour la production d’Arabica du Brésil en 2023/24 à 42,3 millions de sacs (Ms) contre 45,4 Ms auparavant.

Les données préliminaires du gouvernement brésilien le confirment, indiquant des exportations en forte baisse en février, tandis qu’un rapport indépendant publié jeudi a révisé à la baisse les projections pour la nouvelle récolte.

Le bon niveau récent des pluies n’aurait pas suffit à compenser les impacts négatifs que les cultures au Brésil ont subi d’une période de sécheresse prolongée à la fin de l’année dernière qui a nui à la phase de floraison. Avec le changement important du nombre d’Arabica du Brésil, HedgePoint a révisé sa vision de l’équilibre mondial de l’offre et de la demande 2023/24. Il ne voit désormais qu’un excédent de 0,6 million de sacs, contre un excédent de 3,7 Ms sacs en janvier. Le courtier a déclaré que les perspectives de production brésilienne soutiendront probablement les prix à l’avenir, car cela rend plus difficile le remplacement des stocks dans les pays consommateurs.

Côté Asie, cette semaine les producteurs vietnamiens ont vendu leur café entre 45 000 et 49 500 dongs ($1,89 et $ 2,08) le kilo, en nette hausse par rapport aux 43 700-44 500 dongs la semaine précédente. Toutefois, les volumes vendus ne sont pas très élevés. En réalité, un certain nombre de caféiculteurs seraient en train de couper leurs caféiers pour se tourner vers les arbres de durian, plus rémunérateurs.

En Indonésie, les volumes commencent à croitre dans le sud de Sumatra. Le Robusta a été offert avec une prime de $ 40 sur les contrats mai, en baisse par rapport aux $ 90 la semaine dernière. Sur l’échéance avril et mai, les différentiels ont oscillé entre $ 50 et $ 60, en très forte baisse par rapport aux $ 130-$150 précédents.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc a affiché une première hausse hebdomadaire en quatre semaine avec une clôture aujourd’hui sur l’Osaka Exchange à 225 yens ($1,67) le kilo contre 222,3 yens vendredi dernier. Sur le marché de Shanghai, les cours sont passés de 12 490 yuans la tonne à 12 590 yuans ($1 817) la tonne aujourd’hui. “Cette semaine, les prix à terme ont considérablement augmenté après avoir trouvé les niveaux de support”, a déclaré Farah Miller, PDG de Helixtap Technologies. Précisant à Reuters “Sur les fondamentaux, les acheteurs chinois et les fabricants de pneus internationaux ont été actifs cette semaine, récupérant des cargaisons pour le chargement d’avril à juin. À l’avenir, les traders précédemment mis à l’écart chercheraient à réintégrer le marché si cet élan se poursuivait“.

Toutefois, les craintes d’une récession mondiale persistent pèsent sur le marché mais aussi l’activité manufacturière au Japon continue de se contracter.

L’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC) estime que le marché du caoutchouc naturel sera légèrement déficitaire en 2023 avec une production mondiale projetée à 14,693 millions de tonnes (Mt) pour une consommation mondiale de 14,738 Mt. « 2023 reste une année difficile à venir avec les incertitudes entourant la reprise économique mondiale après la pandémie » constate l’ANRPC.

Le Cambodge a vu ses exportations de caoutchouc bondir de 59,8% en janvier par rapport au même mois en 2022 pour une valeur de $54 millions, selon le General Department of Customs and Excise (GDCE).

COTON

Après être tombés à un plus bas d’un mois vendredi dernier à 80,25 cents la livre sur l’ICE, les cours se sont redressés pour clôturer hier à 82,41 cents. Les cours se négocient toujours dans une fourchette étroite. “Nous continuons d’attendre de voir comment la demande va se redresser, et elle a commencé à se redresser au cours des dernières semaines et des derniers mois, mais c’est un processus très lent“, a déclaré à Reuters Bailey Thomen, associé gestion des risques coton chez StoneX Group, ajoutant que les prix verraient un 81-87 cents par livre à court terme.

Mais le Bangladesh et le Pakistan, deux pays importants pour les exportations de coton, mais aussi d’autres pays font face à un manque de devises, ce qui handicapent leurs importations souligne Mambo Commodities.

Pour ses premières prévisions pour la campagne 2023/24, l’analyste Cotlook envisage une production mondiale plus élevée à 25,4 millions de tonnes (Mt), en hausse de 2% par rapport à 2022/23 ainsi qu’un rebond de 5,3% de la consommation mondiale à plus de 24,5 Mt. Ainsi les stocks mondiaux augmenteront à nouveau de 845 000 tonnes en 2023/24 après une hausse de 1,572 Mt en 2022/23.

Pour la campagne 2022/23, Cotlook a abaissé de 170 000 tonnes la production de coton de l’Inde tandis que celle de la Chine a été augmentée de 166 000 tonnes. La consommation mondiale a été nettement revue à la baisse avec un recul de plus de 500 000 tonnes. Les chutes les plus importantes sont en Inde (-300 000 tonnes) et en Turquie (-100 000 tonnes).

HUILE DE PALME

Rebond des cours de l’huile de palme cette semaine qui sont passés de 4 136 ringgits vendredi dernier à 4 235 ringgits ($955,77) la tonne hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange. Ils sont soutenus par la hausse des prix des autres huiles végétales et du pétrole. Les inquiétudes persistantes concernant l’approvisionnement serré du principal producteur indonésien et les perspectives de production malaisiennes plus faibles sont également un support pour le marché depuis deux semaines.

La demande est ferme avec une hausse des exportations de Malaisie en hausse entre 27,7% et 33,1% selon les sociétés d’inspection du 1er au 20 février.

La Malaisie a maintenu sa taxe à l’exportation de mars pour l’huile de palme brute à 8% et a abaissé le prix de référence, selon  l’Office malaisien de l’huile de palme.

RIZ

Les prix du riz exporté d’Inde et du Vietnam ont augmenté cette semaine, tandis que ceux de Thaïlande sont restés stables.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont augmenté à $397-$404 la tonne contre $395-$402 la semaine dernière. Alors que les prix sont au plus haut depuis près de deux ans, le riz indien demeure compétitif et la demande est robuste.

Les exportations de l’Inde en 2022 ont atteint un record malgré les restrictions gouvernementales, les acheteurs continuant de saisir des offres compétitives du premier exportateur mondial, selon des responsables du gouvernement et de l’industrie.

Pour limiter les prix intérieurs, l’Inde prévoit de maintenir l’interdiction des exportations de brisures de riz et une taxe de 20 % sur les expéditions de riz blanc à l’étranger.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont grimpé à $457 la tonne contre $455- $460 la semaine dernière. “La demande est toujours élevée car beaucoup achètent dans un contexte d’incertitude de la situation mondiale”, a déclaré un négociant basé dans la province de Kien Giang, dans le delta du Mékong. “Au cours de la première moitié de ce mois, les expéditions vers l’Afrique et la Malaisie ont été bien inférieures à celles de l’année précédente, tandis que celles vers la Chine et les Philippines connaissent une forte augmentation”.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont inchangés à $460 la tonne, dans un contexte de faible demande.

SUCRE

Et encore un peu plus haut ! Le sucre roux a terminé hier soir à 21,58 cents la livre (lb) sur l’échéance mars, partie de 21,41 cents vendredi dernier. Le sucre blanc est passé sur la même période de $ 568 à $ 574,70 la tonne.

Le marché s’inquiète de la production en Inde qui pourrait baisser au cours des prochains mois suite à une météorologie défavorable et au détournement continu de la canne à sucre vers la production d’éthanol chez le deuxième producteur mondial de sucre. La production en Europe pourrait aussi glisser suite à une interdiction de pesticides et des conditions météorologiques défavorables. Or, face à cela, la demande en Chine devrait se redresser, suite à l’assouplissement de la stratégie zéro-Covid estime Fitch Solutions.

De ce fait, les prix du sucre brut augmenteraient en moyenne de 2 % cette année. La branche de recherche de l’agence de notation de crédit Fitch Group a déclaré qu’elle prévoyait que le sucre brut passerait d’une moyenne de 18,6 cents par livre l’an dernier à 19 cents cette année, des niveaux historiquement élevés qui augurent mal des tentatives des décideurs politiques de freiner l’inflation alimentaire. Ceci dit, les prévisions moyennes de Fitch pour l’année sont inférieures aux niveaux commerciaux actuels d’environ 20 cents la livre. Il a déclaré que cela était dû au fait que la production du premier producteur brésilien atteindrait 38,1 Mt, ce qui représente une augmentation de 7,6 % en glissement annuel.

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