La Chronique Matières premières agricoles au 27 juillet 2023

 La Chronique Matières premières agricoles au 27 juillet 2023

@ Pixabay

Partager vers

Après les fortes hausses des marchés financiers hier sur fond d’optimisme des investisseurs qui estiment que le cycle de hausse de taux touche à sa fin des deux côtés de l’Atlantique, les analystes restent sur leur garde. En effet, la Réserve fédérale aux Etats-Unis et la Banque centrale européenne (BCE) se sont réunies cette semaine pour acter ce qui pourrait être la dernière hausse de taux de leurs cycles de resserrement monétaire respectif, selon les marchés monétaires, indique Thomson Reuters. Elles ont chacune relevé leurs taux directeurs de 25 points de base, tout en adoptant un ton prudent sur l’éventuelle poursuite de la hausse des taux.

Si la BCE s’est montrée inquiète de l’état de l’économie européenne sur fond d’indicateurs avancés publiés en début de semaine qui ont signalé une contraction généralisée de l’activité en zone euro, à l’inverse, aux Etats-Unis, les chiffres du PIB ont soutenu le scénario d’atterrissage en douceur de l’économie américaine, bien que des chiffres du chômage en baisse ravivent les craintes qu’une boucle prix-salaire durable ne s’installe.

Côté Japon, la banque centrale n’a pas emboîté le pas de ses consœurs et a maintenu sa politique monétairere ultra-accommodante, tout en prenant toutefois des mesures pour rendre plus flexible sa politique de contrôle de la courbe des taux .

Sur les marchés monétaires, l’euro a terminé à $ 1,0997.

Sur les marchés pétroliers, le Brent a clôturé hier à $ 83,85 le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) à $ 79,88.

CACAO

Le cacao toujours plus haut ! Parties de £ 2 577 la tonne à Londres vendredi dernier, les fèves ont atteint £ 2 682 hier soir sur l’échéance septembre tandis que New York passait de $ 3 415 en fin de semaine dernière à $ 3 529 hier soir. Mercredi soir, les contrats à terme sur New York ont touché un sommet à $ 3 569, leur prix le plus élevé depuis le 10 mars 2011.

Ponctuellement, ce sont la pluviométrie excessive et les inondations en Afrique de l’Ouest qui ont soutenu les cours, Refinitiv Commodities estimant que la pluie durerait encore une dizaine de jours. La maladie de la pourriture noire fait craindre un déficit cacaoyer encore plus conséquent sur la prochaine campagne 20223/24 qui démarrera début octobre.

De façon plus générale, c’est la perspective d’une troisième année de déficit qui fait flamber les cours. “Je ne pense pas que nous ayons jamais eu trois années consécutives de déficit“, a déclaré à Reuters Judith Ganes, analyste matières premières, ajoutant que les cultures en Afrique de l’Ouest semblent susceptibles de baisser. En cause, une moindre utilisation d’engrais car leurs coûts ont augmenté mais aussi les mauvaises conditions météorologiques. Les marchés s’inquiètent aussi de la perspective d’une forte saison sèche à partir de novembre, car l’événement météorologique El Nino réduit généralement les pluies en Afrique de l’Ouest. Selon les analystes des matières premières de Mintec, malgré les données récentes indiquant une baisse des volumes de broyages du cacao, la demande en général semble bonne, ce qui empêchera toute correction à la baisse des prix, pour le moment.

@ Reuters

En Côte d’Ivoire, les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro ont totalisé 2,273 millions de tonnes (Mt) entre le 1er octobre et le 23 juillet, ont estimé lundi les exportateurs interrogés par Reuters, en baisse de 4% par rapport à la même période la campagne dernière.

Côté entreprises, les signes sont mitigés… Hier, le géant américain Hershey a annoncé des ventes nettes en baisse de 2,7 % des volumes au cours du deuxième trimestre et de $ 2,49 milliards en valeur, un chiffre inférieur aux attentes des analystes qui étaient de $ 2,5 milliards. D’ailleurs, hier, malgré la hausse de 15 % du dividende trimestriel, l’action de Hershey a baissé de 1,5 % en début de matinée. Hershey a augmenté le prix de ses chocolats et autres confiseries ainsi que ses marges, pour compenser une demande qui a commencé à faiblir (lire nos informations de ce jour).

Mardi, c’était Lindt & Spruengli qui a relevé ses perspectives de ventes pour l’année complète à 7-9% après que les hausses de prix aient aidé le chocolatier suisse à afficher une croissance organique supérieure à sa fourchette cible de 6-8% pour les six premiers mois de 2023. Ses ventes organiques ont augmenté de 10,1%, à 2,09 milliards de francs suisses (Frs) ou encore $ 2,4 milliards, contre les Frs. 2,08 milliards attendus. Son bénéfice net a augmenté à Frs. 204,5 millions contre 138,4 millions un an plus tôt.

CAFÉ

Jean qui rit, Jean qui pleure, telle est la devise cette semaine encore du café ! L’Arabica a glissé de $ 1,6185 la livre (lb) en fin de semaine dernière à $ 1,6145 hier soir à New York alors que le Robusta progressait de $ 2 602 à $ 2 673 la tonne, tous deux sur l’échéance septembre.

@ Reuters

Au Brésil, 74% des superficies caféières étaient récoltées au 25 juillet contre 79% en moyenne sur les cinq dernières années, a annoncé hier le cabinet de conseil Safras & Mercado. La récolte est également légèrement inférieure au rythme observé à cette époque en 2022, où elle était de 75 %. Safras a estimé qu’environ 89 % des Robusta ont été récoltés contre 90 % à la même époque l’année dernière, et en dessous de la moyenne quinquennale de 95 % pour la période. L’Arabica atteint 65 %, juste en dessous de 66 % à la même époque l’an dernier, et également en dessous de la moyenne quinquennale de 71 %. L’importance de la récolte cette année explique en partie un rythme plus lent même si un temps sec est favorable aux opérations de cueillette et de séchage.

Au Vietnam, Refinitiv Commodities attire l’attention sur les risques d’inondations au Vietnam ces dix prochains jours qui pourraient impacter la production de café dans la principale ceinture de production que sont les Central Highlands. Quant aux transactions, elles sont très faibles car il n’y a plus de café. On attend la nouvelle campagne qui ouvrira en octobre. D’infimes volumes se sont vendus cette semaine, avec des prix toujours en hausse, entre 66 200 dongs et 67 100 dongs le kilo contre 64 800 et 65 600 dongs la semaine dernière. Certains torréfacteurs ont dû payer jusqu’à 70 000 dongs pour avoir un peu de grains des planteurs. D’ailleurs, des traders commencent à se couvrir sur la prochaine campagne et ont fait des propositions à 56 000 dongs aux planteurs pour du café 2023/24 pour livraison en décembre.

En Indonésie, du Robusta de Sumatra a été offert avec une prime allant de $ 500 à $ 530 sur le contrat septembre à Londres ; la prime était de $ 530 la semaine dernière.

En Côte d’Ivoire, les exportations de café (Robusta) ont chuté de 32,3% à 13 946 t entre janvier et juin, selon les chiffres provisoires portuaires ivoiriens.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc est toujours sur la défensive même si les annonces de la Chine en début de semaine ont un peu atténuées les inquiétudes sur la demande. Sur l’Osaka Echange, les cours ont clôturé hier à 200,4 yens ($1,43) le kilo contre 202 yens vendredi dernier. Sur le marché de Shanghai, les cours sont passés de 12 115 yuans la tonne vendredi dernier à 12 175 yuans ($1 704,1) la tonne hier. Les cours demeurent à un plus bas de 2 ans.

La Chine, premier consommateur mondial de caoutchouc a annoncé cette semaine des mesures pour soutenir l’économie notamment pour relancer la demande intérieure et le soutien à l’investissement privé mais l’accueil est encore mitigé.

Le Myanmar a exporté environ 50 000 tonnes de caoutchouc sur le 1er trimestre 2023 (avril-juin), selon la Rubber Planters and Producers Association (MRPPA). L’objectif du pays est d’exporté 300 000 tonnes en 2023/24. Au cours de ‘exercice 2022/23, la production a atteint plus de 360 000 tonnes, dont 200 000 tonnes ont été exportées.

Le Cambodge a exporté 139 200 tonnes de caoutchouc au 1er semestre 2023, en hausse de 2,72% par rapport à la même période en 2022, pour une valeur de $187 millions, en baisse de 13,5%. “Le prix moyen d’une tonne de caoutchouc sec s’est établi à $ 1 344 au 1er semestre 2023, soit environ $252 de moins qu’à la même période l’année dernière“, a déclaré Him Oun, directeur général de la Direction générale du caoutchouc.

COTON

Les cours du coton sont redescendus de leur sommet de six mois atteint mercredi à 87,310 cents la livre, alimenté par la spéculation sur fonds de temps sec et chaud dans les principales zones de culture du coton, en particulier la région clé du Texas aux Etats-Unis. Les cours ont clôturé hier sur l’ICE à 84,380 cents la livre quasiment inchangés par rapport à vendredi dernier (84,310 cents). Selon un négociant, les cours devraient se situer dans une fourchette de 85 à 88 cents la livre durant l’été.

Le spécialiste Cotlook, a très légèrement révisé à la hausse – plus 12 000 tonnes -ses prévisions de production mondiale de coton en 2023/24 à 25,942 millions de tonnes (Mt), l’augmentation du Brésil étant partiellement compensée par la baisse de la Chine. La consommation mondiale est inchangée à 24,243 Mt. Ainsi les stocks mondiaux se situent à 1,689 Mt.

Le Bangladesh, importateur net de coton, ambitionne de porter sa production de coton à un million de balle d’ici à la fin 2025, afin de satisfaire 10% de ses besoins. “Nous avons pour objectif de répondre à 10% de notre demande annuelle des producteurs nationaux d’ici la fin de 2025“, a déclaré Mehdi Ali, secrétaire général de la Bangladesh Cotton Association (BCA), lors d’une conférence de presse selon le thedailystar.net.

Actuellement, le pays produit 180 000 balles de coton par an, ce qui représente environ 1% de la demande nationale, et importe du coton pour plus de $3 milliards par an. En 2022/23, Dacca est devenu le premier importateur mondial de coton. Les pays africains ont gagné au fil des années des places de marché et sont devenus le premier fournisseur de coton du pays (Lire : L’Afrique surpasse l’Inde et devient premier fournisseur de coton du Bangladesh). Le pays compte 430 filatures avec des besoins en coton à plus de 10 millions de balles.

Pour parvenir à l’objectif fixé, Mehdi Ali a indiqué que les trois groupes locaux – Ispahani, Amber et Square – avaient commencé l’agriculture contractuelle du coton dans différents districts.

 

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme a été volatil cette semaine mais termine quasiment inchangé avec une clôture hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 4 039 ringgits ($887,69) la tonne contre 4 043 ringgits vendredi dernier. Après avoir enregistré une quatrième hausse hebdomadaire la semaine dernière, les cours se dirigent vers une perte sous l’effet d’un ringgit plus ferme, d’une baisse des autres huiles concurrentes et de la concurrence des exportations indonésiennes plus compétitives.

La demande est relativement soutenue avec des exportations d’huile de palme de Malaisie en hausse de 10,8% à 17,8% selon les inspecteurs sur la période du 1er au 25 juillet. En outre, les achats d’huile comestible de l’Inde seraient en forte hausse au mois de juillet (voir ci-dessous) apportant un support aux contrats à terme de l’huile de palme mais aussi du soja. Les cours ont fortement augmenté pour atteindre un plus haut de 4,5 mois mardi suite aux attaques de la Russie sur le port ukrainien et les entrepôts de céréales sur le Danube.

La banque d’investissement basée à Singapour UOB-Kay a révisé à la hausse sa prévision de prix moyen de l’huile de palme brute à 4 200 ringgits ($921) la tonne pour 2024 en raison d’un resserrement des approvisionnements suite au phénomène El Nino. Pour 2023, ses hypothèses de prix sont inchangées à 3 900 ringgits la tonne.

En Inde, les importations d’huile comestible en juillet devraient atteindre un record de 1,86 million de tonnes (Mt), soit près de 60% de plus que la normale, alors que les raffineurs ont augmenté leurs achats pour constituer des stocks en prévision des festivals dans un contexte d’incertitude concernant les approvisionnements en provenance de la mer Noire, estiment les négociants et inspecteurs du fret. Environ 1,5 Mt d’huile comestibles ont été déchargées dans divers ports indiens au cours des 24 premiers jours de juillet et 386 000 tonnes supplémentaires devraient être déchargées dans les sept jours restants, pour un total de 1,86 Mt, selon les estimations moyennes.

Les importations d’huile de palme en juillet devaient bondir de 46% par rapport au mois précédent pour atteindre 1 Mt, le plus haut en sept mois. Celles d’huile de tournesol pourraient doubler à 385 000 tonnes, le plus haut en six mois, tandis que celles d’huile de soja pourraient atteindre 475 000 tonnes, le plus haut en un an, estiment les négociants.

RIZ

A la suite de la décision de l’Inde, qui représente 40% des exportations mondiales de riz, de restreindre les expéditions de riz blanc non basmati, après celles de septembre dernier des brisures de riz, les prix grimpent que cela soit en Thaïlande, au Vietnam ou en Inde, et se propulsent à des plus hauts de plusieurs années. Une décision qui s’inscrit dans un contexte déjà tendu avec le phénomène El Nino qui devrait diminuer les approvisionnements en riz mais aussi avec la fin de l’accord céréalier permettant à l’Ukraine d’exporter ses céréales via la mer Noire (Lire : Tensions sur le marché mondial du riz).

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont grimpé à leur plus haut depuis  2011 à $550-$575 la tonne contre $515-$ 525 la semaine dernière.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont atteint un sommet de 11 ans à $605-$610 la tonne $545 la semaine dernière.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont à leur plus haut niveau en 5 ans et demi, à $445-$450 la tonne contre $421-$428 la semaine dernière.

SUCRE

Baisse de tension sur les sucres cette semaine avec un sucre roux qui est passé de 25,01 cents la livre (lb) vendredi dernier à New York à 24,43 cents hier soir. Le sucre blanc, coté à Londres, a glissé de $ 701,60 à $ 686,50 la tonne cette semaine.

Au Brésil, des volumes record se confirment. Dans la ceinture de production du centre-sud, la production de sucre sur 2023/24 est attendue à 38,3 millions de tonnes (Mt), en hausse de 13,9% sur la prochaine campagne, selon l’analyste Stonex, avec des broyages qui atteindraient 607,7 Mt en hausse de 11,1%. A noter que la production nationale d’éthanol serait aussi en progression, mais dans une moindre mesure, à 31, 3 milliards de litres, en hausse de 8,6% sur la campagne précédente. Stonex estime l’excédent mondial de sucre à 0,3 Mt sur la campagne 2023/24.

Jusque-là très calmes, des opérateurs chinois chargent actuellement des dizaines de navires avec environ 750 000 t de sucre dans les ports brésiliens, son premier grand mouvement d’importation depuis janvier, rapporte Reuters. Selon l’agence maritime Williams, la Chine (plus grand importateur de sucre au monde) a peu importé du Brésil (premier exportateur) depuis le début de l’année avec seulement 170 000 t de sucre au premier semestre contre 1,35 Mt à la même période l’année dernière. Dans un rapport au début du mois, Green Pool avait indiqué que les stocks de sucre chinois étaient bas après leur longue absence du marché d’importation. Pour sa part, l’analyste Claudiu Covrig estime que la Chine prendra livraison d’un total de 3 Mt d’ici décembre.

 

 

Autres Articles