La Chronique matières premières agricoles au 30 mars 2023

 La Chronique matières premières agricoles au 30 mars 2023
Partager vers

Après avoir clôturé en hausse hier, les principales Bourses européennes étaient attendues sur une note prudente à l’ouverture ce matin pour la dernière séance d’un trimestre entamé sur les chapeaux de roues avant le déclenchement d’une crise dans le secteur bancaire, qui a ravivé l’incertitude sur l’évolution des taux d’intérêt et la conjoncture économique.

Si les craintes concernant le secteur bancaire s’apaisent, les investisseurs portent à nouveau leur attention sur les indicateurs des positionnements à venir des banques centrales en matière de taux d’intérêt, notamment l’inflation. Or, en Europe, elle a ralenti en Espagne (+3,1% sur un an) mais est plus élevée qu’attendue en Allemagne (+7,8% sur un an), tandis que la croissance de l’économie américaine au quatrième trimestre a été un peu moins forte qu’initialement estimé (+2,6% en rythme annualisé au lieu de 2,7%).

Aux Etats-Unis où le département du Commerce a revu à la hausse l’indice des prix de base dit “core PCE” du quatrième trimestre 2022, à 4,4% en rythme annuel, contre une estimation précédente de 4,3%.

Sur les marchés monétaires, l’euro a terminé en hausse face au billet vert à $ 1,0901.

Côté pétrole, on s’inquiète de l’approvisionnement en Irak et de la baisse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière, tombés à un creux de deux ans. Ainsi, le Brent a clôturé hier soir à $ 79,11 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 74,12.

CACAOCAFÉ – CAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE

CACAO

« La tendance demeure haussière au moins sur le court terme », indique à Reuters Jack Scoville de chez Price Group à Chicago. En effet, à New York, l’échéance mai est passée de $ 2 884 la tonne en fin de semaine dernière à $ 2 917 hier soir sur l’échéance mai. Mais Londres a glissé sur la période sous revue, de £ 2 136 à £ 2 130 à la clôture hier soir.

En Côte d’Ivoire, la campagne intermédiaire de cacao démarre demain et le gouvernement a décidé de maintenir le prix garanti bord champ de la récolte principale, soit FCFA 900 le kilo (€ 1,37) (lire nos informations : La Côte d’Ivoire donne un coup de pouce aux planteurs et aux exportateurs de cacao). Il était de FCFA 825 la dernière campagne intermédiaire 2021/22. Selon le ministre de l’Agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani, la récolte intermédiaire devrait atteindre 450 000 tonnes (t) cette année. D’autre part, étant donné la pénurie de fèves, le Conseil du café cacao (CCC) autoriserait les exportateurs à acheter leurs volumes alloués de fèves durant la période de la campagne intermédiaire, selon l’agence Bloomberg.

S’agissant de la récolte principale qui s’achève chez le leader mondial du cacao, les statistiques provisoires portuaires font état de 785 700 t de fèves exportées de début octobre à fin février, en baisse de 1,5% par rapport à la même période la campagne dernière.

Au Ghana, les arrivages ont totalisé 566 846 t entre début octobre et le 9 mars, en hausse de 18 % par rapport aux 481 486 t sur la même période la campagne précédente, a indiqué lundi le Cocobod. La production de cacao chez le n°2 mondial atteindrait 800 000 tonnes cette saison, selon les prévisions du régulateur.

CAFÉ

Le café est en petite forme cette semaine. A New York, l’Arabica a clôturé hier soir à $ 1,698 la livre (lb) sur mai contre $ 1,7925 en fin de semaine dernière. Le Robusta a connu la même mésaventure, passant de $ 2 189 à $ 2 171 la tonne sur la période sous revue.

Un Robusta qui, pourtant, connait une bonne demande car, dans leurs mélanges, les torréfacteurs accroissent les volumes de cette variété de café meilleur marché que l’Arabica afin de proposer des prix plus attractifs en cette période d’inflation. Ce qui explique que la décote du Robusta par rapport à l’Arabica s’est fortement contractée ces dernières semaines, s’établissant hier à $ 1 580 la tonne contre $ 2 100 mi-février.

Au Vietnam, les producteurs sont réticents à vendre de leurs stocks, essayant ainsi de faire grimper les cours. Dans les Central Highlands, les caféiculteurs ont vendu cette semaine leur kilo de Robusta entre 47 700 et 48 800 dongs le kilo ($ 2,03-2,08) contre 46 000 à 48 500 dongs la semaine dernière. A l’export, le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, s’est vendu avec une décote légèrement supérieure à celle de la semaine dernière, de l’ordre de $ 20 à $ 30 sur l’échéance mai contre $ 10 à $ 20 la semaine dernière. « La demande est bonne mais le Vietnam comme l’Indonésie ont peu de grains à offrir », a indiqué à Reuters un trader dans la ceinture caféière. « Nous surveillons de près les conditions météorologiques afin d’être prêt à une éventuelle sécheresse cette année. A ce jour, il n’a pas encore plu. »

Au premier trimestre de cette année calendaire, les exportations de café du Vietnam ont baissé de 1,6% par rapport à début 2022, à 572 000 t soit l’équivalent de 9,5 millions de sacs de 60 kg (Ms).

En Indonésie, le Robusta de Sumatra a été offert à l’export avec une prime de $ 160 sur le contrat juillet à Londres alors que la prime n’était que de $ 70 sur le contrat mai la semaine dernière. « Les prix élevés s’expliquent par les approvisionnements limités. Les exportateurs se battent pour du café », souligne pour sa part un trader, soulignant lui aussi la faiblesse des pluies et la période raccourcie pour la récolte.

CAOUTCHOUC

Rebond du marché du caoutchouc cette semaine mais il devrait toutefois chuter pour son deuxième mois consécutif et afficher une quatrième baisse trimestrielle consécutive. Les cours sur l’Osaka Exchange ont clôturé hier à 209,1 yens ($1,58) le kilo contre 204 yens vendredi dernier tandis que sur le marché de Shanghai, partis de 11 720 yuans, ils se sont établis hier à 11 900 yuans ($1 730,31).

Si la crise bancaire s’est un peu atténuée avec la vente des actifs de la Silicon Valley Bank en faillite et la Chine a annoncé via la voix du Premier ministre Li Qiang lors du Forum annuel de Boao s’engager à mettre en œuvre des réformes susceptibles de stimuler la croissance, l’espoir d’une forte reprise post-Covid en Chine s’estompe avec une activité manufacturière au mois de mars qui a augmenté à un rythme plus lent.

En Côte d’Ivoire, les exportations de caoutchouc naturel se sont élevées à 227 010 tonnes en janvier et février, en baisse de 4% par rapport à la même période en 2022, selon les données provisoires des ports.

En Chine, des chercheurs du Xishuangbanna Tropical Botanical Garden (XTBG) de l’Académie chinoise des sciences ont développé un système de paiement pour soutenir la reconversion de plantations d’hévéas en forêts tropicales, le Xishuangbanna ayant  connu une énorme perte de couvert forestier au cours des dernières décennies. Le système de paiement combiné du marché et du gouvernement divise les  paiements pour les services éco systémiques (PSE) du gouvernement en deux parties : le bénéfice économique que l’hévéaculteur tire des services éco systémiques aux prix du marché et les paiements compensatoires du gouvernement.

COTON

Le coton est repassé cette semaine au dessus de la barre des 80 cents la livre pour clôturer hier  sur l’ICE à 83,5 cents contre 76,54 cents la livre vendredi dernier. Un rebond impulsé par un apaisement dans les craintes d’une crise bancaire  avec le rachat aux Etats-Unis le rachat de la Sillicon Valley Bank par First Citizen BancShare ainsi que globalement un dollar plus faible et des prix du pétrole plus hauts. En outre, le rapport hebdomadaire du département américain de l’Agriculture (USDA) sur les ventes américaines de coton a montré des exportations en hausse de 25% par rapport à la semaine dernière et de 31% par rapport à la moyenne des quatre semaines précédentes. Les principales  destinations étaient le Vietnam (28%) et la Chine (20%).

Aujourd’hui est attendu le rapport de l’USDA sur les intentions de plantations aux Etats-Unis. Selon un sondage réalisé par Reuters, elles s’élèveraient en moyenne  à 11,212 millions d’acres. Le régime climatique El Nino pourrait augmenter les rendements au second semestre de l’année pour les producteurs de coton américains, qui ont été contraints d’abandonner une grande partie de leurs terres cultivées en 2022 après l’une des pires sécheresses depuis des années. Le Service météorologique national a prévu plus de 50 % de chances de formation d’El Niño au cours de l’été septentrional de 2023. Cependant, trop de précipitations peuvent s’avérer être un trouble-fête, entraînant des pertes de rendement et des dégradations de la qualité.

Sur 2022/23, le spécialise Cotllok a relévé aujourd’hui ses prévisions de production de 24 000 tonnes, la hausse de la production en Chine et en Australie compensant largement la baisse de celle en Inde et au Brésil. Avec une estimation de la consommation mondiale inchangée, les stocks de clôture devraient augmenter de 1,596 million de tonne.

L’Australie enchaine les records de production de coton depuis 2020/21 et les dernières estimations pour la campagne 2023/24 table sur 5,8 millions de balles selon le département américain de l’Agriculture (USDA). La forte perspective d’une disponibilité abondante d’eau d’irrigation au début des semis en octobre 2023, ainsi qu’un certain assouplissement attendu des coûts des engrais et des prix fermes du coton contribuent à cette estimation. L’USDA estime que les exportations devraient atteindre 6,0 millions de balles en 2023/24,  soit le troisième niveau le plus élevé après le record estimé de la campagne de commercialisation 2022/23 de 6,6 millions de balles.

HUILE DE PALME

Belle remontée de l’huile de palme cette semaine, mais elle avait chuté de plus de 10% la semaine dernière. Les cours ont clôturé hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 3 791 ringgits ($857,69) contre 3 521 ringgits vendredi dernier, soit un gain de près de 8%. Toutefois sur le mois devrait s’afficher une perte.

Au cœur de cette remontée, les attentes d’une baisse de la  production et des stocks et la fermeté des autres huiles végétales.  En effet, l’approvisionnement en huile de palme est préoccupant. Les stocks malaisiens d’huile de palme sont estimé à moins de 2 millions de tonnes à la fin du mois de mars suite à la hausse des exportations et à la baisse de la production. Or, le plus grand exportateur mondial l’Indonésie a relevé ses obligations sur le marché intérieur et restreint les exportations, déplaçant la demande mondiale d’huile de palme vers la Malaisie, tandis que la production est restée incertaine, a estimé Anilkumar Bagani, responsable de la recherche sur les matières premières du groupe Sunvin.

Les exportations de produits malaisiens à base d’huile de palme pour la période du 1er au 25 mars ont augmenté de 11,4% à 19,8% par rapport au mois précédent, selon les inspecteurs du fret.

L’ Indonésie a  expédié 2,95 millions de tonnes (Mt)  d’huile de palme en janvier, en hausse de 35,2% par rapport à l’année précédente, a déclaré l’association indonésienne de l’huile de palme dans un communiqué. La production d’huile de palme brute du plus grand producteur mondial s’est élevée à 3,89 Mt en janvier, tandis que les stocks ont chuté de 3,56 % par rapport au mois précédent pour s’établir à 3,09 Mt.

La Malaisie a maintenu sa taxe à l’exportation d’avril pour l’huile de palme brute à 8% et a relevé son prix de référence, selon l’Office malaisien de l’huile de palme.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz indien se sont stabilisés cette semaine après quatre semaines de baisse tandis que les espoirs de nouveaux accords avec l’Indonésie ont fait grimper les prix vietnamiens.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont inchangés à $380-$385 la tonne. “La demande s’est légèrement améliorée en provenance des pays africains, mais le carnet de commandes n’est toujours pas plein pour les expéditions d’avril“, a déclaré à Reuters un exportateur basé à Kakinada, dans l’État méridional d’Andhra Pradesh.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% progressent à $460 la tonne contre $450 la semaine dernière. Un hausse impulsée par la perspective des achats de riz de l’Indonésie tandis que les approvisionnements sont encore serrés en dépit de la récolte en cours dans les provinces du  delta du Mékong.

Les exportations de riz du Vietnam ont grimpé de 19,3 % au 1er trimestre par rapport à l’année précédente pour atteindre 1,79 million de tonnes, selon les données du gouvernement.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont progressé à $475- $482  la tonne, contre 465 $ la semaine dernière. Une hausse attribuable à l’appréciation du bath.

SUCRE

On n’arrête plus le sucre ! Hier, le marché du sucre blanc a atteint des niveaux de prix qu’il n’avait plus enregistrés depuis 10 ans…  Partie de $ 597,60 la tonne vendredi dernier, l’échéance mai a clôturé hier soir à Londres à $ 630,70, son plus haut depuis juillet 2012 ! Quant au sucre roux, la livre (lb) est passée de 20,82 cents en fin de semaine dernière à 21,96 cents hier soir à New York.

L’offre est étroite ou s’annonce étroite dans des pays producteurs majeurs. Nous l’avons déjà souligné à plusieurs reprises dans ses colonnes pour la Thaïlande et l’Inde. Chez ce dernier, dans son principal Etat producteur le Maharashtra, qui représente le tiers de la production indienne de sucre, 155 raffineries sur les 210 en fonctionnement avaient déjà fermé au 26 mars, soit beaucoup plus tôt que d’habitude. La production y chuterait de 16%, à 10,7-10,8 Mt en 2022/23 contre les 12,8 Mt initialement attendues. En 2021/22, cet Etat avait produit un record de 13,7 Mt de sucre ce qui avait permis à l’Inde d’exporter un record de 11,2 Mt de sucre sur le marché mondial.

Hier, c’était au tour de la Commission européenne d’indiquer que la superficie de betteraves sucrières pour la campagne 2023/24 devrait être inférieure de 3 % à la moyenne quinquennale, à 1,455 million d’hectares, suite à la décision d’interdire l’utilisation de pesticides néonicotinoïdes. Rappelons qu’en janvier, la Cour de justice de l’Union européenne a décidé que les États membres ne pouvaient pas exempter la filière de l’interdiction faite par l’UE de traiter les cultures  avec des néonicotinoïdes, qui sont considérées comme une menace pour l’environnement (lire nos informations : La décision de la France sur les néonicotoïdes sonne l’alarme). La France était pointée du doigt car, suite aux graves pertes dues à des maladies en 2020, Paris avait accordé aux producteurs de betterave sucrière une exemption pouvant aller jusqu’à trois ans à l’interdiction générale d’utiliser des produits chimiques néonicotinoïdes.Face à cet ultimatum de Bruxelles, la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) en France a déclaré le mois dernier que la superficie cultivée en betteraves sucrières françaises devrait chuter de 6 à 7 % pour atteindre un plus bas de 14 ans.

La production de sucre de l’UE pour la saison 2022/23 a été estimée à 15 Mt, soit une baisse de 10 % par rapport à la saison précédente, reflétant à la fois des rendements plus faibles et une superficie ensemencée réduite, selon le rapport. Cette récolte plus faible et l’augmentation des coûts de raffinage en raison des prix élevés du gaz naturel font que le prix moyen dans l’UE en février 2023 a atteint € 804 la tonne, soit une augmentation annuelle de 83 %. Les importations de sucre de l’UE devraient grimper à 2 Mt en 2022/23, en hausse de 34 % en glissement annuel.

Pour soulager cette situation tendue, on espère beaucoup de la récolte dans la région Centre-Sud du Brésil qui démarre actuellement. Toutefois, les négociants s’inquiètent de la capacité des ports brésiliens à faire face à de volumineuses récoltes de soja, de sucre et de maïs. Selon le groupe sucrier brésilien Unica, les raffineries du centre-sud broieraient  environ 5 Mt de canne à sucre dans la seconde quinzaine de mars, soit près de cinq fois plus qu’à la même période en 2022. Ces projections de l’Unica confirment les spéculations du marché sur un début précoce de la campagne sucrière brésilienne après des conditions météorologiques favorables dans la période inter-récoltes de fin novembre à aujourd’hui. La région centre-sud du Brésil devrait connaitre une récolte record de canne à sucre en 2023/24. L’Unica a indiqué que 24 moulins fonctionnaient déjà au cours de la première quinzaine de mars, écrasant 608 000 t de contre 142 000 t l’an dernier. Le groupe prévoit que 36 usines supplémentaires ont démarré ou démarreront leurs activités dans la seconde quinzaine de mars, portant le nombre total d’usines en activité à 60 contre 25 à la même période un an plus tôt. La production de sucre dans la première quinzaine de mars était encore marginale, à seulement 16 000 tonnes, tandis que la production totale d’éthanol s’élevait à 264 millions de litres.

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *