L’expansion de la noix cajou menace la biodiversité en Côte d’ Ivoire

 L’expansion de la noix cajou menace la biodiversité en Côte d’ Ivoire

@ Mighty Earth

Partager vers

La filière cajou en Côte d’ivoire a connu un développement exceptionnel ces dernières années avec une production qui a été multipliée par plus de dix en 20 ans jusqu’à atteindre le premier rang mondial avec environ 1,2 million de tonnes (Mt) en 2022. Un développement qui s’est récemment accompagné d’une valorisation de la noix de cajou, le pays se hissant au deuxième rang mondial des exportateurs d’amande de cajou. Le revers de la médaille est que son expansion menace la biodiversité et la sécurité alimentaire du pays, selon l’étude Le Casse-tête de l’anacarde réalisée par l’ONG Mighty Earth avec le Regroupement des Acteurs Ivoiriens des Droits Humains (RAIDH) Green Forest Africa.

Mighty Earth met en garde sur « la monoculture » de l’anacarde pourrait à l’instar de la culture du cacao, qui a contribué à la disparition de 90% du couvert forestier ivoirien, faire peser un risque sur les forêts restantes. L’analyse satellitaire réalisée par l’Ong environnementale révèle que certaines régions productrices de noix de cajou en Côte d’Ivoire ont connu une perte de 25 % de leur couvert de forêt primaire entre 2019 et 2023.

En outre, « l’expansion des vergers de cajou sur de vastes zones a créé des « déserts verts » dépourvus de biodiversité. Quand elles sont combinées avec l’utilisation intensive de pesticides chimiques, les « monocultures » d’anacardiers constituent une menace existentielle pour la flore et la faune indigènes du pays », souligne Might Earth. L’ONG s’appuie également sur des études d’universitaires ivoiriens, comme Emprise des champs d’anacarde sur les forêts et savanes en milieu paysan autour du parc national de Comoé qui montrait que dans ce parc on a assisté à une augmentation de 160 % des terres affectées à la culture de l’anacarde entre 2002 et 2014 et un déclin de 76 % des zones forestières. Si l’anacardier a contribué à stabiliser le sol dans l’extrême nord, quand les vergers se sont étendus vers d’autres régions cela menace la faune.

L’étude pointe également une diminution des cultures vivrières, soit parce que les terres sont moins disponibles compte tenu de l’importance des vergers et/ou que les agriculteurs se sont tournés vers la culture de l’anacarde.

« La culture du cajou s’est avérée être une arme à double tranchant pour la Côte d’Ivoire. D’une part, elle a constitué une importante source de revenus pour les communautés du nord du pays. D’autre part, la culture de l’anacarde continue de s’étendre de manière incontrôlée sur les quelques rares zones de végétation naturelle restantes, menaçant des dizaines d’espèces emblématiques qui luttent pour leur survie. »  demande Jukian Oram, directeur Afrique pour Mighty Earth.

« Si nous continuons à faire comme si de rien n’était, la noix de cajou pourrait être un nouveau clou dans le cercueil de dizaines d’espèces emblématiques, y compris le chimpanzé occidental, tout en risquant d’entraîner l’insécurité alimentaire des agriculteurs. Nous demandons à l’industrie de cesser toute expansion afin de permettre à la nature de se rétablir. »

Toutefois, Mighty Earth ne sous-estime pas l’apport de la noix de cajou à l’économie ivoirienne et surtout aux quelques 500 000 agriculteurs dans les régions septentrionales du pays. La filière aurait généré un chiffre d’affaires de $961 millions en 2021. Ainsi, Mighty Earth recommande notamment de mettre fin à l’expansion de la production de cajou dans les écosystèmes indigènes, de développer une traçabilité complète des chaines d’approvisionnement en noix de cajou et s’assurer qu’elles soient socialement et écologiquement responsables.

Autres Articles